▶ Sujet: Prose spirituelle de l'ermite - Livre 1 [Fujiwara Kamui]

Sous la valse du feuillage impétueux, le chant de cette brise infime, se confrontaient oniriquement deux silhouettes assises en position de lotus, l’air de se défier d’un regard imperturbable bien que leurs paupières fussent closes. Silence complet, uniques sons de la nature, respirations lentes et maîtrisées. Ce n’était pas une première mais une habitude, simplement plus récurrente qu’avec d’autres personnes. Et la question fut posée.

Le monde est le monde. L’armée est ce qu’elle est. Comme me l’ont enseigné mes prédécesseurs, les forces qui régissent le monde et la nature ne sont jamais manichéennes, mais des mouvements, liés tant dans les maux que les bénédictions.

Cela pouvait sembler être une idée assez abstraite, mais pas forcément pour une personne éloignée du zèle et de l’adrénaline des guerriers ninjas ou samouraïs.

Je conçois que beaucoup ici grandissent et ne vivent que par l’idéologie d’un chakra dévoué aux arts shinobis guerrières. C’est ainsi, mais nous, nos talents de guérisseurs, ne viennent pas d’une telle éducation et elle ne sert pas forcément qu’à cela. J’ai connu un être cher qui l’avait compris, lui aussi.

Là, au rythme du souffle de son torse, des vibrations de sa peau, le guérisseur repensait à la lettre de son mentor, de ses derniers vœux et ça conceptions de ce qu’on pouvait changer et apporter au monde.

J’ai connu une vie où le chakra ne règne pas en maître, où les gens savent composer sans sa plus value, où ils peuvent être dans la quiétude même sans. Puis, je suis arrivé dans ce village et une chose m’a étonné. Je n’ai que peu aperçue ce que réellement le chakra avait apporté à Homura. La protection, oui, mais le zèle des conflits ont sûrement éclipsé son potentiel annexe.

Il n’ouvrait toujours pas les yeux, se contentant de sa posture immuable, de son sérieux mélangé à une sereine concentration, baigné dans la mélodie des oiseaux et divers animaux pullulant dans la forêt.

Soit, l’évidence n’est pas perceptible par tous. Il ne suffit pas de se battre et protéger. Je n’ai pas abandonné ces idées en venant ici. Je laisse les guerriers s’occuper de leur passion. Mais je suis un médecin. Quand tu guéris une personne, tu ne te contente pas de soigner ses plaies, tu lui donnes les clés pour l’éviter par la suite, ou lui apprend comment éviter cette situation. C’est comme planter des graines, ici et là, puis que ces gens se le répètent, se les enseignent, et germent.

Moment de silence, petite pause pour lui faire assimiler le concept. Pas d’élan non maîtrisé. Ils devaient et méditer et mener une conversation en dépit de toutes les excitations autour.

Maintenant imagine pouvoir faire ça avec les talents dont on dispose ici. Résoudre une mission. Guérir, abattre les démons, repérer les malices des envoûtements chakratique. Résoudre les traumas des peuples isolés. Leur apprendre, les former à éviter les Yokaïs, les former à nous contacter plus rapidement, à utiliser les enseignements qu’on leur prodigue, utiliser le chakra pour leur bâtir une sécurité durable. Que ces villages en fassent de même avec ceux aux alentours. Peu à peu, à travers le pays, lentement, comme mon propre hameau.

Se rendait-il compte lui-même, en tant que Samouraï, du potentiel de ses talents ?

Spoiler:

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Respiration lente, torse vibrant de concert face aux pulsions de cette méditation, le guérisseur laissait place au silence, bercé uniquement par dame nature pour accueillir les paroles de son interlocuteur. Il ne semblait pas se perdre en questions inutiles et visait assez juste dans ses mots. En temps normal cela aurait décroché un sourire sur le visage de notre homme, mais au vue de la nature de la séance il demeura stoïque.

Il est bien là le souci. Nous n'enseignons pas une société basée sur l’utilité du chakra pour les humains mais pour former des combattants. Chaque chose dans un idéal doit se faire par étape et les nôtres semblent se rejoindre. Il est impossible d’occulter le chakra, la solution première ne peut être directement l’abolition du chakra. Si ce n’est pas le chakra, ce seront les armes, tout comme vos sabres, tant qu’il y aura plus de combattant formé que d’utilisateurs de chakra dédiés à l’amélioration de la vie.

Ashin prit le temps de marquer une pause pour séparer ses idées et répondre correctement.

Comme la motivation que tu viens de m’exposer, en fait. Si le monde comportait plus de personnes comme toi, animé de la même flamme que tu peux transmettre, nous n’aurions même plus peur d’engendrer des combattants.

Il disait cela de façon générale, mais étrangement les ambitions du Samouraïs rebondissaient parfaitement aux réflexions à la base de son propre projet.

Alors, je te réponds. Je ne sais pas encore. Des résistances, il y en aura. Mais on surestime beaucoup ce qu’on peut faire en une année, et on sous-estime beaucoup ce qu’on peut faire en dix ans. C’est pour cela que je compte perpétuer le concept de graines hérité par mon mentor. On ne pourra pas tout résoudre. Mais un enseignement qui se multiplie même après mon départ peut se multiplier encore et encore à travers le temps.

Il ne savait pas si ce dernier comprenait. Le concept pouvait paraître simple et idéaliste mais la mise en pratique ne l’était pas du tout. Chaque détail, chaque composante non calculé pouvait conduire à d'importants échecs. Ashin attendit un moment, plutôt content du développement que cet échange d'idées apportait à son projet.

Penses-tu pouvoir protéger ces gens uniquement en contenant les capacités chakratique des autres personnes dans le monde ?

Question réelle, dans le sens où, si ses talents étaient conçus pour cela, la marée que représentait le monde était trop imposante.

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Si au premier abord, la discussion paraissait simpliste et idéaliste, elle bifurquait dans sa pratique vers des divergences qui tel l'effet papillons allaient peut-être conduire ces deux hommes à emprunter des chemins différents. Ce n’était en réalité pas plus mal, compte tenu de la différence qui liait leur statut, l’un issu de la noblesse et l’autre moins empêtré dans les chaînes de cette hiérarchie complexe.

Je commence à comprendre … C’est là que nos chemins et nos difficultés divergent. Tu es issue de la noblesse, de ses règles, du poids de sa stature et ce qu’elle représente aux yeux des gens, peu importe l’origine. Moi je ne suis personne, je ne viens que d’un hameau, orphelin recueilli par un maître guérisseur et devenu à mon tour apprenti puis guérisseur confirmé. Ces talents de guérisons chakratique que nous possédons … De ce que j’ai étudié de leur histoire dans le système ninja, ils sont rares et précieux. Cela me donne un avantage sur la façon de faire. Je ne compte pas confronter directement les rapports entre les villages et les nations.

La silhouette d’Ashin se mouva un peu, afin de prendre une posture plus confortable, toujours assis jambes croisées, dans l’élégance du lotus et emplis d’un projet personnel qui se clarifiait au fur et à mesure de cette discussion.

Je compte me créer un statut de neutralité politique, une forme de droit d’intervention invoquant le droit à toute population civile non disposée au chakra de ne pas subir inutilement les affres de fléaux et dommages collatéraux liés aux ninjas ou aux yokaïs. Les conflits politiques et les tensions entre les nations sont ce qu’elles sont … Et je n’aurais jamais d’une vie entière pour chercher à les contenir ou les amoindrir. Par contre … Même le plus cruel des régimes aura toujours conscience qu’un peuple qui n’a plus rien à perdre peut se retourner contre elle et la détruire depuis ses fondements les plus primordiales, surtout si celle-ci ne peut résoudre ce genre de problématique.

Les traits de son visage se durcirent, ayant conscience que cette tâche comportait des nuances de difficultés extrêmes.

Mais ne t'inquiète pas, je sais à quoi je me confronte. Si le droit des civils elle-même n’est pas respecté … Je trouverai d’autres moyens de pressions et menaces pour parvenir à mes objectifs … Quitte à devoir mettre en concurrence des peuples ayant obtenu cette aide et ceux qui en meurent de misère encore.

Après tout, chaque solution ne pourraient venir que d’eux même. Parfois, voir la situation profitable d’une autre nation inciterait les civils d’un autre régime à faire pression pour obtenir cette même aide.

Ainsi, nos deux visions de ce projet sont complémentaires, je trouve. si l’influence et la crainte que tu évoques pour l’avenir arrive réellement à se produire … Elle ne pourrait que faciliter le genre d’action que je compte mener en passant à travers les mailles des conflits politiques et culturelles.