Takahide était dans une position qui l’inconvenait beaucoup. Assis en position de méditer comme les moines lui avait appris, ses paupières fermées cachant les yeux pleins de flammes qui lui servaient de lunettes sur le monde, il tremblait. Après avoir échoué à l'examen académique pour devenir Genin, il s’était bien sûr attendu à ce que le village le remette sur le droit chemin d’un apprentissage décent et utile au village. Même s’il avait survécu à l'île déserte, après tout, il avait échoué l’examen qui servait à déterminer qui avait un avenir radieux et qui n’en avait pas. Donc bon, qu’il se soit fait envoyer dans un des nombreux dojos du village pour se faire aider à développer ses capacités ne le surprenait pas outre mesure.

Mais ces connards avaient choisi un Yuki.

Le clan le plus pompeux, nobliau au possible, représentant l’esprit même de ce que le gamin détestait dans le système clannique régissant le monde Shinobi. Bien que ses connaissances en la matière laissaient profondément à désirer puisque toute son éducation avait été teinté par le voile rouge de la préjudice, l’épéiste était dur comme fer dans une philosophie anti-clan. Ces individus choyés et privilégiés par leur génétique même le rendait furax, lui qui avait dû se hisser hors du trou boueux de son existence pour en arriver là, au plus bas de l’échelle Shinobi. Pour les Yuki, c’était une évidence qu’ils allaient se rendre ici. Takahide avait commencé à -50, les clans de Kiri commençaient à 0.

Une profonde injustice!

Et il allait devoir être entraîné par une telle personne? Les Kaguya passaient encore car ils étaient violents et barbares, ce qui permettait à l’adolescent de s’identifier un minimum à eux. Mais les Sabreurs et les Yukis faisaient grincer les dents encore en développement de Takahide. Bien entendu, il avait accepté la tâche avec respect et plaisir, sa décision de se hisser dans les rangs en tant que bon ninja étant toujours présente en son être, mais la frustration enflammant son âme l’avait obligé à méditer profondément pour maintenir un calme de surface face au Yuki qui arriverait sans doute sous peu, le Genin ayant pris soin d’arriver une heure d’avance pour mieux se concentrer.

Mais l’homme inconnu approchait et, dans les petites heures du matin auquel le rendez-vous avait été planifié, dans la grandeur de ce dojo quasiment vide, il n’y avait aucun doute que la personne qui avançait dans sa direction allait être celui qui allait l’entraîner. Espérant en son être le plus profond qu’il aurait l’occasion dans cette situation de le combattre et ainsi de libérer sa colère et indignation par vague de coups, il s’inclina de façon poli et respectueuse.

“Vous devez être l’entraîneur qui m’a été assigné. Merci d’être présent, j’espère apprendre beaucoup de vous”

Le gamin avait les dents serrés et les poings assez solide pour casser un mur, mais au moins il faisait l’effort de se montrer comme quelqu’un d’enclin à cet apprentissage forcé et cela, il espérant que ca encourage les supérieurs qui en entendrait parler à voir d’un oeil favorable le développement du Genin au sein du village.

Le Yuki n’était peut-être pas grand, mais il avait un katana et une allure beaucoup trop soigné pour ne pas être la figure parfaite d’un noble classique de Kiri. Le seul avantage que Takahide pouvait lui accorder était son air sympathique et son attitude qui semblait détendue et parfaitement pédagogique. Cela lui permit de se détendre un peu, le pire scénario du noble hautain ne lui étant pas présenté, il pouvait au moins ne pas être provoqué sans cesse durant toute la durée de l’entraînement. Un soupir de satisfaction, le corps se détendit un peu, il pourrait concentrer son énergie sur l’activité physique en plus grande partie que prévu.

L’homme du nom de Mamoru du clan si redouté l’informait par ailleurs qu’il avait lui aussi eu de la difficulté suivant le passage de l’examen par les voies moins expertes offertes aux Kirijins. Sans se lancer dans de la pédagogie guerrière immédiatement, il l’invita plutôt, en ayant changer le mode de dialogue vers du tutoiement, a s’asseoir dans un espace idéal pour cela, l’androgyne noble ayant apporté des fruits, ce qui, dans le livre de Takahide, lui faisait gagner des points. Bien que les fruits étaient un luxe en soi, il pouvait apprécier que l’autre Genin ait pensé lui en offrir et à s'assurer du bon maintien de son estomac.

S’asseyant donc devant le Yuki et se saisissant d’une pomme, la dévorant sans utiliser les outils sophistiqués que le noble avait choisi, il écouta les questions que lui posait son éducateur du moment. Il voulait en savoir plus sur le gamin de campagne, apprendre a le connaître, pour faciliter son apprentissage en ce sombre jour. Cela laissait l’adolescent sceptique, puisqu’il se demandait franchement comment des informations sur son parcours étaient plus utiles que de simplement lui montrer dans un combat ses habilités, mais il choisit, pour le bénéfice de ses rêves et de son avenir d’être coopératif et d’ouvrir sa grande gueule.

“J’viens d’un p’tit village au sud-est du pays, ou on cultive le riz et on pêche beaucoup. Je déteste le riz et j’en ai pas bouffé depuis que j’avais trois ans. J’me suis sauvé pour devenir ninja, pour accomplir ma destinée et me sortir de la tourbe d’une vie de paysan merdique. J’avais pas de bases de Ninjutsu avant d’arriver à Kiri, du coup j’en ai chié à l'académie… On m’a envoyé sur une île déserte dans l’Archipel de la lune. Je sais me camoufler et utiliser des jutsus Suiton de base, mais mon talent, c’est d’être un épéiste autodidacte. Personne peut rivaliser avec moi à ce niveau!”

Il affiche un sourire pleins de jus de pommes et de pelures avant de se remettre a manger un autre fruit qu’il n’avait eu l’occasion de dévorer. Une main pour manger et l’autre pour s’essuyer la bouche et se gratter le menton, en alternance. Il avait espéré que son introduction sur lui donne du matériel au Yuki pour qu’il comprenne sa nature, son être et ses valeurs. Son dédain qu’il cachait seulement à moitié pour les trois grands clans, bien qu’il se rendait lentement compte que Mamoru avait l’air d’un mec sympa.

Il étira ses courtes jambes et ses épaules, observant avec curiosité l’homme qui avait probablement grandi entre les murs de Kiri sans avoir à se demander s’il mourait avant d’arriver au village. Connaissait-il sa situation de privilégié, la source de sa beauté dans la noblesse et de sa puissance dans sa naissance?

Takahide devait le reconnaître, le Yuki avait une magnifique maîtrise du couteau à fruit et savait en faire des sculptures juteuses et délicieuses. Il avait un excellent verbe aussi, qui était limite intimidant pour un campagnard au vocabulaire limité et abrégé au maximum. Donc le genin se contentait d’écouter cet homme dont la bouche créait de magnifiques sons en dévorant des fruits jusqu'à en être satisfait. Mamoru offrait au jeune épéiste de lui montrer quelques techniques de sabres et de Ninjutsu, dans l’ensemble. L’aider à fortifier ses forces et à combler ses faiblesses. Bien que Takahide n’était pas nul en ce qui avait trait au Ninjutsu ou a la Dissimulation, il était clairement derrière beaucoup de ses semblables. Le noble devant lui avait, par son éducation, probablement une bonne maîtrise des jutsus élémentaires ou de leur équivalent dans les arcanes de la glace Yuki.

Et c’est probablement pour ça, surtout, que le campagnard avait un certain intérêt pour la session d’entraînement. Certes, c’était mandatoire et il n’aurait pas pu simplement l’éviter, mais il avait une certaine envie d’en apprendre plus d’un homme qui avait reçu l’éducation de la plus haute qualité sur le Ninjutsu. Il n’avait pas les talents génétiques pour équivaloir aux Yuki, mais il pouvait très certainement utilisé le savoir d’un de leur pour devenir plus fort. S’il voulait un jour montrer au village que l’appartenance aux clans n’était pas nécessaire pour atteindre un statut de puissance et que d’avantager les individus shinobis par leur génétique était idiot, il devait prendre tout les avantages qui lui était offert.

Plusieurs duels lui étaient offerts après chaque mini-cours sur les différents sujets que désirait aborder Mamoru, qui permettrait sans doute au jeune genin de raffiner chaque aspect de l’apprentissage dans un format pratique. Takahide aimait fondamentalement cette méthode puisqu’elle lui donnait l’occasion de mettre des coups directement sur le Yuki, évacuant sa frustration et sa haine. Bon, son dédain pour le clan des glaces incluait de moins en moins son interlocuteur au beau verbe, qui lui semblait sympathique et qui semblait aussi posséder une conscience de son statut de privilégié. Un avantage qu’il avait sur ses compères qui, dans l’esprit du péquenaud de campagne, ne comprenaient même pas le problème qui venait avec leur statut.

Sa tentative de jouer la victime face à la supposé jalousie de la part des membres lambdas du village laissa Takahide de marbre, même s’il sympathisa un peu avec la douleur que devait avoir ressenti le Genin de Glace. Lui qui n’avait jamais été trahi et avait vécu une vie qui, bien que rocambolesque, avait tout de charmant et calme, ne pouvait imaginer les sentiments, même dans le cadre d’un examen, que devait avoir subi Mamoru. Cette ignorance et ce sentiment d’incompréhension créait une certaine sympathie de la part de l’épéiste. S’essuyant les mains avec un mouchoir qu’il gardait dans un repli de son kimono, ne voulant pas salir ses vêtements à tout prix par simple fait de ne pas vouloir les laver trop souvent, il se leva. Il déposa d’abord ses réels katanas, ne souhaitant pas utiliser des armes mortels, aussi puissant son adversaire pouvait-être, dans un entraînement. Il préféra se saisir d’un Boken qui ferait parfaitement le travail pour l'exercice de la journée.

“Bon, j’suis prêt, Mamoru-san. Montre moi ce que tu peux m’apprendre. Utilise tes belles phrases pour me montrer a combattre.”

L’heure n’était point encore arrivée pour les discussions sentimentales sur le passé de l’épéiste. Les doutes et problèmes que ressentait Takahide étaient toujours présents envers le noble, et la qualité exceptionnelle d’un des katanas qu’il déposa près des siens, un complètement mort et un de facture standard sans rien de magnifique, renforça le désir qu’avait le Genin de prouver à son camarade que les ninjas lambdas, ces péquenauds sans génétiques exceptionnel Kirijin, pouvaient se hisser par sueur et sang à la hauteur de tous ceux les regardant de haut. Et le Yuki tentant de lui “apprendre” le Kenjutsu que pratiquaient les grands sabreurs et riches membres de l’aristocratie Mizujin, ça le frustrait. Il avait communiqué que c’était sa spécialité, c’était donc une question d’orgueil de le lui prouver. De lui montrer son Kenjutsu sauvage, pratiqué non pas sur des tatamis mais sur du sol boueux et des pierres.

Voyant son entraîneur lui foncer dessus dans un mouvement qui n’avait rien de normal, il parra l’attaque néanmoins, son corps se remémorant de tous les coups de bâtons des moines durant les trois années précédant sa venue a Kiri. Sa défense n’avait rien d’exceptionnel comparativement à son pouvoir offensif, mais il avait appris qu’il valait mieux ne pas souffrir trop rapidement dans un affrontement. Attendre son heure était préférable à tenter d'accélérer le cours naturel du temps, des affrontements rythmiques tels des danses. Voyant Mamoru tourbillonner vers son côté en un mouvement qui avait tout d’élégant et de fluide, il put se pencher d’un coup, repliant ses genoux dans un squat, esquivant le coup et plongeant en roulade sur le côté pour ne pas être frappé du coup de pied suivant cela. Il commençait à être énervé par les paroles du jeune à peine plus âgé que lui.

“Je sais déjà tout ça! GAAAAH!”

Il bondit vers le Yuki, envoyant un coup de sabre depuis les airs plonger vers sa tête avant de retomber sur une jambe, l’utilisant comme pivot pour envoyer l’autre frapper le bras gauche du mentor, suivi d’un autre coup d’épée ayant rebondit sans aucun doute sur la garde scolaire du nobliau. Ce dernier était pointu, se dirigeant tout droit dans la poitrine de son adversaire, avant d’utiliser sa jambe ayant frappé la garde ou le corps de Mamoru pour bondir vers l’arrière, tombant en roulade sur le dos, par le choc d’une contre-attaque ou le simple déséquilibre d’une telle manoeuvre.

“J’ai pas pratiqué des milliers de fois, mais des millions. C’est ma vie, frappé le vide de mon katana. Mais y’a rien de noble sur mon Kenjutsu. Enseigne-moi du Ninjutsu, Mamoru-san, parce que tu vas voir que mes arts de l’épée sont supérieurs à ceux des dojos de Kiri!”

Il s’approcha rapidement, a petit pas rapides, vers son entraîneur, le visage de Takahide s’étant concentré en quelque chose que personne ne le connaissant n’avait souvenir : un pur calme. Aucune émotion réprimée, un corps purement détendu… Il semblait n’avoir qu’une seule chose dans son petit monde d’adolescent : son adversaire, brillant à travers ses yeux. Son boken bien serré entre ses deux mains, il arrêta soudainement tout son mouvement, et d’un mouvement qui pouvait être comparable aux grands batteurs du jeu de la balle basé, il envoya un puissant coup d’épée, son chakra concentré dans toutes ses veines circulant à travers ses deux bras pour fracasser le flanc de son adversaire. En faisait-il trop?

“HAYASHI BREAKER!”

Info du combat:

Un retentissant succès! La technique qui avait brisé tant d’arbres avait envoyé le jeune homme qui croyait pouvoir apprendre la spécialité d’un idiot a ce dernier se claquer contre un mur. Un sourire triomphant apparaissait déjà sur le visage de Takahide quand son adversaire, ou plutôt entraîneur, se releva avec peu de dégâts, son armure ayant encaissé une partie des dégâts et la volonté de ne pas risquer de tuer un Yuki ayant empêché au Genin de mettre un désir de meurtre dans son attaque ayant certainement aider. Son sensei de circonstance, après avoir survécu beaucoup mieux que des végétaux sans défense à la technique de simple rang B du campagnard, invoqua un clone lui étant identique et possédant une substance beaucoup plus solide qu’un simple Bunshin de rang D.

Takahide avala sa salive, sachant très bien que c’était une technique qui séparait les ninjas de bas niveaux de ceux ayant un avenir, une technique qu’il ne maîtrisait pas encore (mais qu’il ne tarderait pas à apprendre, il se le jurait). Avant qu’il ne puisse faire grand chose, des mudras furent composés devant ses yeux ébahis et ses muscles se remettant du dernier affrontement. Cette action le réveilla d’un seul coup, ses mains bougent à une vitesse frénétique pour conjurer de sa bouche au fond infini un bouclier aqueux qui vient se fracasser contre le jet d’eau du clone adverse, permettant au Genin de rester sur ses pieds le temps de préparer une contre attaque…

Avant d’être percuté de plein fouet par le dragon d’eau que l’original s’était sûrement fait un plaisir de cracher.

“GIAAAAH!”

Il fut projeté, ce petit bougre désagréable. N’ayant pas eu le temps de conjurer deux défenses, et ne possédant tout simplement rien qui l’aurait sauvé de ce reptile au pouvoir hydraulique, il dût se contenter de serrer les dents et de subir la douleur fastidieuse d’une quantité imbuvable d’eau. Se heurtant contre le sol à plusieurs mètres plus loin, le gamin cracha l’eau qui lui était entré dans la gorge durant le coup. Il frappa le sol de ses deux poings, son boken étant parti à l’envol, sa prise sur le manche de bois n’étant pas du tout adaptée, son entraînement durant son existence ayant été concentré sur un sabre réel. Ses mains étaient vides comme les perspectives de son avenir.

“T’es pas mal du tout avec le Suiton pour un Yuki! J’aurais pensé que t’aurais pris ton orgueil en mal et qu’tu m’aurais envoyé d’la glace ou quoi.”

Il se releva, utilisant les muscles élancés et bien développés de ses membres supérieurs pour se donner de l’élan. Se secouant comme un chien, il laissa aller son cerveau à moults possibilités, ne pouvant en choisir une.

“J’sais pas faire grand chose avec le mien, mais prends ça! Blue Bullet!”

Formant les mudras a une vitesse surprenante, ses doigts étant habitués aux moults mouvements de la nature et connaissant la nécessité de l’adaptation dans la survie contre les créatures ne voulant que le dévorer, l’épéiste concentra une masse aqueuse avec son chakra dans sa gorge. Puis, observant avec un sourire gonflé le Yuki, il envoya une balle d’eau dans sa direction pour le frapper de plein fouet… Enfin, c’est ce qu’il espérait de la technique. Ses jambes tremblaient encore de l'impact après tout et il savait qu'il devait faire ses preuves, pour son honneur et son orgueil.

État du combat:

La réponse du Yuki a l’honnêteté brutale et blessé de l’épéiste le ramena à l'ordre en quelque sorte, lui rappelant que son “supérieur hiérarchique” n’était pas là pour l’affronter sérieusement, mais seulement pour le guider vers le chemin du succès et de la victoire. Se secouant sa tête aux cheveux mouillés pour ramener sa petite cervelle à l’ordre, le Genin concentra ses yeux sur son adversaire qui avait contré la majorité de ses offensives jusque la. S’il voulait avoir des notes positives de cet entraînement auprès des Jonins qui s'occuperait de son cas, noyés sous la paperasse de leur grade, il devait montrer sa valeur à Mamoru. Il devait évoluer, montrer sa croissance, qu’il n’était pas une feuille flottant dans un étang stagnant, mais un saumon remontant le courant impitoyable de l’existence vers des hauteurs jamais vues auparavant.

Le professeur du jour le surpris d’un coup en invoquant une lame de glace, arcane du clan Yuki sans aucun doute, et en professant qu’il pourrait un jour faire de même avec le Suiton, ce qui fit écarquiller les yeux enfantins de Takahide. Il n’avait jamais vraiment imaginé combiner sa maîtrise du sabre et du ninjutsu, voyant les deux comme des entités séparées. Après tout, je vous le rappelle, le campagnard était un peu, peut-être même beaucoup, con… À cette époque. Car cette révélation, cette image si simple, similaire à celles que voyaient les jeunes sportifs à la télé, les motivant à devenir les acteurs du spectacle improbable derrière l’écran, choqua l’adolescent. Une idée formidable se formait dans son cerveau sous-développé. Et avec ces concepts envahissant l’espace de sa matière grise, on aurait cru voir son intellect se développer plus rapidement que jamais.

“Une dernière chose avant le goûter, hein? D’accord… j’ai une idée…”

Se saisissant du bokken qui était tombé plus loin, profitant de l'opportunité qui lui était offerte pour attaquer en premier, il prit son temps. Fermant brièvement les yeux pour se plonger en son âme abyssale et tempétueuse, il se rappela avec misère la signification des douze mudras de l’école de Kiri. L’eau, la violence, les sabres innombrables de l’académie. Qu’est-ce qui se trouvait dans les fonds marins, dans les ruines de tant de navires contenant tant d’épéistes? Quels armes leurs fantômes, ces spectres aux regrets infinis, possédaient? S’étaient-ils départis de leurs véritable âme en leur lame pour se concentrer sur autre chose, ou avait-ils alliés le pouvoir de leur entité spectrale pour atteindre les bas fonds les plus dangereux des enfers, pour affronter les grands ogres juges de l’outre monde?

Composant des mudras symbolisant les concepts, beaucoup trop de mudras, très honnêtement, le bokken volant de droite à gauche, toujours prisonnier de la main droite de Takahide, ce dernier commença à créer quelque chose, accumulant toute l’eau l’environnant et se trouvant sur corps sur la lame de son bokken, créant une couche dégoulinante et hautement instable. Seul son chakra tremblotant et immature gardait une emprise sur la masse aqueuse et l’empêchait de s’effondrer, toute son énergie étant concentrée sur le fait de maintenir l’arme en état de contenir la masse chakratique Suiton.

“Abyss Slash!”

Il se lança au bout d’un sprint déchaînée sur Mamoru, frappant volontairement la lame de glace de ce dernier, essayant à tout prix de garder une emprise sur cette technique toute neuve…

Mais qui n’était vraisemblablement pas prêt, la lame explosant sous le choc et la masse d’eau tombant au sol. Le Genin, lui, culbuta par-dessus la lame de glace et s’effondra au sol la face première, poussant un énorme soupir. Mais un sourire transparaissait, symbole de l’espoir s’étant éveillé dans la jeune âme de ce gamin insolent.

“J’y étais presque… On va manger?”

Oh! Oh! Est-ce que… Le Yuki… ne serait pas une bonne personne? Sa façon d’aborder l’enseignement qu’il s’était fait greffé, ses réactions face au comportement complètement enfantin et brute du gamin, sa maîtrise de soi magnifique à voir… Était-il l’élu du clan de la glace qui permettrait de briser celle qui enfermait le cœur de Takahide dans un monde de dédain et de dégoût? Le membre d’un clan se déterminant par sa nature froide et noble pourrait-il faire fondre un monde abyssalement loin du zéro degré par une chaleur allant à contre-courant de ses origines?

Takahide était, c’est clair, dans une bulle de confusion créée par le traitement paisible de son entraîneur dans un environnement de violence. Il se serait attendu, dans ce contexte, à faire face à une réaction opposée face à son comportement hostile à peine camouflé… Le jeune homme était-il un des légendaire ninja mature, s’opposant aux clichés dédaigneux et hautains de nombreux de ses semblables claniques. Le gamin savait pertinement que s’il avait montré une attitude pareil à Bankichi, le seul Kaguya qu’il tolérait, il se serait mangé une baffe en plein visage.

À la mention des Sabreurs, l’adolescent plissa son visage sali par l’entraînement et les techniques ayant virevolté. S’il y avait bien une limite qu’il refusait de franchir, c’était de se faire enseigner le Kenjutsu par un sabreur. Hors de question. Il accepterait volontier d’en affronter, de perdre et d’apprendre de son expérience face à eux, mais son code d’honneur le poussait à désirer atteindre les sommets de l’art du sabre par sa propre force, par l’extérieur de ce domaine de jutsus uniques composant la force de ce clan énigmatique. Il désirait s’améliorer et pouvoir vaincre les Septs sans avoir “voler” quelles que arcanes que ce soit de leur répertoire.

“Nan, plutôt harakiri que de baisser la tête face à un sabreur. J’veux en battre un en particulier sans m’inspirer de leurs trucs!”

Face à tant de victuailles (et aucune ne contenant de riz!), le Genin se régala, remplissant sa bouche et son estomac, quasi simultanément, de toute sorte de nourriture qu’il n’avait pas l’habitude de manger avec son maigre salaire et ses connaissances culinaires abyssales. Il y avait quelque chose de bon avec la richesse des clans et c’était sans aucun doute leur nourriture. En mangeant, il écoutait et réfléchissait sur tout ce que son supérieur lui communiquait, les informations se diffusant lentement dans sa matière grise en voie de développement. Le jeune épéiste était sur la bonne voie, selon Mamoru, et cela rendait heureux le gamin à la bouche pleine. Il allait forcer le Yuki à se donner sérieusement au combat pour l’aider à se développer et à maîtriser les étincelles qu’il avait montré, les transformant peut-être en brasiers.

Après avoir terminé de dévorer, disons le clairement, la nourriture gracieusement offerte par le clan des glaces, Takahide se releva d’un bond, se nettoya vite fait le visage et les mains et partit en courant chercher un autre Boken avant de revenir voir Mamoru.

“Je veux ton aide pour comprendre ce que j’ai essayé de faire! Tu as l’air de mieux comprendre le chakra que moi, ‘lors tu pourrais être utile! Et je veux faire le pas rapide!”

À l’offre de Dorayaki, l’épéiste s’en saisit, grignotant pendant que son entraîneur de l’heure lui enseignait diverses théories dont il avait bien sûr conscience mais qui, en enseignement individuel, passait beaucoup mieux, puisque Mamoru ciblait Takahide dans ce qu’il disait, ce qui allait électrocuté les neurones de l’adolescent directement. Plus le maître des glaces parlait et plus le Genin se rendait compte de son inexpérience dans ce monde si vaste. Son entraînement à l’académie n’avait pas été suffisant, il avait besoin de plus. Il se devait de siphonner les connaissances de tous ceux valant la peine d’être écouté pour grandir et atteindre un autre sommet.

Il était question ici de son mental car, selon le Yuki, le gamin avait développé ses capacités physiques de façon impressionantes, ce qui, objectivement, était vrai. Et les deux côtés de cet énoncé l’étaient, puisque non seulement le campagnard avait poussé son entraînement au maximum, mais il avait aussi négligé au maximum les apprentissages des lettres et des chiffres. Des muscles et un minuscule cerveau. Mais il devait, apparemment, régler ce “problème” s’il voulait devenir plus fort, maîtriser son chakra à un niveau supérieur à celui des éternels Genins servant de chair à canon aux villages du Yuusei.

“Comment je peux développer ce contrôle mental? Lire des livres? Faire des calculs? Méditer?”

Le problème était que dans ce qui était considéré de l’entraînement et du développement personnel, l’imagination de Takahide était limitée. Quand il était question d’imaginer des techniques grandioses ou des mystères cachés dans les jungles reculés du continent, il n’avait aucun problème à voir les sept couleurs de l’arc-en-ciel s’entrelacer dans des explosions magnifiques. Mais pour s’entraîner, il n’avait pas choisi de simplement frapper l’air de son katana sans arrêt : il n’avait tout simplement jamais imaginé autre chose. Face à un utilisateur d’un clan dont les utilisateurs se disaient fiers de leur degré de contrôle quant à ce qui touchait le chakra, il se devait de poser le plus de questions possibles. Personne n’était mieux qualifié. L’opportunisme qui s’était développé au cœur de l’épéiste après toutes les rencontres faites à Kiri se manifestait encore, à la recherche toujours d’une lumière à suivre vers ses rêves.

La métaphore pour le pas rapide fit réfléchir profondément le garçon, ce dernier s’appuyant sur son Boken pour fixer un mur, laissant son esprit prendre le contrôle de ses globes oculaires pour mieux visualiser ce qui lui était décrit. Une concentration comme un ballon d’eau et une expulsion soudaine. S’il voulait mieux visualiser, il se devait de trouver une comparaison avec un déplacement plus classique, comme pour utiliser le chakra pour les surfaces verticales ou liquides. Les rames d’un navire, permettant d’avancer doucement sur l’eau, mais jamais très rapidement. Est-ce que ce n’était pas une bonne comparaison face à l’expulsion soudaine d’une force permettant au Shinobi de traverser moult distances d’un coup?

Face à Takahide, Mamoru avait créé des bulles qu’il devait détruire d’un seul mouvement, montrant sa compréhension du pas rapide. En échange, il pourrait voir la spécialité de l’entraîneur avec le Hyoton, ce qui rafraîchirait la salle après tant d’entraînement. Déterminé de montrer à celui qui gagnait peu à peu son respect, par ses démonstrations de pédagogie inhabituelle pour un si jeune homme et son attitude se rapprochant du commun, ce qu’il était capable d’accomplir, l’épéiste se mit à travailler. Il concentrait le chakra dans ses pieds et se projetait de l’avant, sans jamais réellement déclencher la technique, voulant être sûr de sa maîtrise sur les bases avant de risquer de retrouver la tête première dans un mur. Il avançait a petit pas, pendant une bonne demi-heure, cherchant à comprendre et ressentir le mouvement du chakra qu’il envoyait dans ses talons et ses orteils, voulant être sûr de manipuler la méchanique de son corps correctement. La confiance en soi de l’adolescent venait principalement de ses capacités à utiliser un katana efficacement, ce qui voulait dire qu’il n’en avait quasiment pas quand il était question du contrôle qu’il avait sur son chakra.

Mais il se devait d’essayer. Il ne pouvait pas simplement passer toute la journée à faire des semi-essais, il devait tenter de briser les bulles de chakra qui flottait devant ses yeux, il se devait de réussir pour prouver qu’il avait un avenir comme ninja. C’est donc ainsi qu’il concentra toute son énergie, la volonté de réussir faisant briller ses yeux comme des diamants et se projetta vers l’avant, se fracassant contre le mur opposé, à plusieurs mètres derrière les bulles qu’il venait de faire exploser contre son torse bougeant à grande vitesse.

L’avalanche de technique qui lui était présentée ne cessait d’émerveiller Takahide, tel un enfant devant un spectacle de cirque, les lapins et la baleine en donnant l’aspect encore plus. Il avait eu l’occasion à maintes reprises durant son apprentissage d’observer plus impressionnant les uns que les autres, mais il avait ici affaire à quelqu’un qui n’était pas si loin de son niveau, Mamoru étant seulement un Genin expérimenté et pas un Chuunin ou Jonin. Les techniques auxquelles il avait affaire étaient impressionnantes non pas seulement par leur potentiel destructeur, mais surtout par leur créativité, montrant des façons uniques et intéressantes de manipuler chakra.

Que tout cela soit précédé par un excellent conseil sur le développement de l’énergie spirituelle ne fit que rendre le moment plus magique, puisque l’épéiste avait l’impression qu’il pourrait aussi, éventuellement, atteindre un sommet de créativité dans ses jutsus avec assez d’entraînement. Il se rappelait chaleureusement les années passées auprès des moines à l’est, de leurs discours sur la spiritualité, la méditation et le développement de l’âme, de comment il ne s’y était que très peu intéressé et s’était contenté de faire le minimum pour satisfaire ses hôtes. Heureusement pour lui, l’explication du Yuki semblait lui donner tous les outils qu’il avait besoin, des outils qui avaient sommeillé en lui plusieurs années, accumulant la poussière de son esprit.

“J’pense avoir compris… Mamoru-Senpai. J’ai l’impression que notre discussion à débloquer une serrure en moi. Je sais c’qui m’reste à faire pour rejoindre ton niveau et devenir un vrai ninja.”

Une aura d’énergie semblait entourer le Genin, comme s’il n’était pas présent dans le dojo. Ses yeux étaient enflammés, des flammes d’un bleu abyssal, comme un incendie brûlant au fond de l’océan. On aurait facilement pu croire que les mers elles-mêmes suivaient à se moment le gamin, l’entourant, l’acceptant comme une mère accepte dans ses bras un enfant. Ce ne fut que l’espace d’un instant, une fenêtre sur un potentiel futur, sur les capacités possibles d’un enfant qui était loin d’avoir accompli ses objectifs démesurés et ses rêves hors de portée. Mais dans ce bref moment, Takahide avait pu voir, dans ses yeux si brillants, un chemin clair à travers la brume du futur. Une route vers la lumière d’un potentiel accompli.

“J’vais renforcer mon ninjutsu et mon Kenjutsu, et je vais réussir à maîtriser les techniques que j’ai en tête pour mes rêves. “

Le reste de la journée se passe dans un certain calme, le campagnard profitant de l’expérience de son senior pour mieux comprendre les mécanismes des techniques qu’il désirait apprendre, pratiquant le Pas rapide et le Kage Bunshin pour être certain d’en maîtriser les bases avant la fin de la journée. Après tout, le Yuki avait une carrière propre et ne pourrait pas toujours donner une journée à des gradués de l’Académie et des étudiants pour les aider à la place de leurs sensei. L’essence opportuniste de Takahide le poussait à exploiter au maximum la journée, pour que, quand il quitte les dojos au couché du soleil, il puisse sourire à Mamoru.

“Merci! J’ai hâte de travailler à tes côtés!”