Enjeu n°1 :

Lun 25 Sep - 19:41 Expérience : 441 Messages : 128

▶ Sujet: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

C'était le jour. Un grand jour. Enfin, sûrement.

N'empêche, il fait ... beau. Nan. C'est pas vrai. Il fait gris et la pluie menace.

Qu'importe. C'est avec une confiance absolue en moi que mon pas résonne dans les allées du Quartier Nara.

Enfin, absolue. Au début, oui. Quand j'étais dans ma chambre. Que j'ai réfléchi à l'idée. A mes mots. A ma tenue.

Ma tenue, c'est important d'en parler. Les couleurs sont froides, un bleu céruléen teinté ici et là de pristine blanc. Le kimono que je porte est complété d'ornements guerriers, mais le genre de cérémonie. Totalement inutiles au combat mais faisant un superbe effet en parade.

Le sabre trône à ma ceinture, sa surface éclatante après des heures et des heures passées à la pierre.

Ma confiance, là tout de suite, vacille entre le "Je sais ce que je fais" et le "Mais pourquoi, Ruru, pourquoi ?!".

Quand finalement j'atteins la destination, mes yeux affichent l'espace d'un instant une pure panique.

L'envie de faire demi-tour et de faire comme si rien ne s'était passé.

Après tout, personne à part moi ne saurait ce que j'avais essayé d'accomplir. Et même moi, avec le temps, j'arriverai à l'oublier.

Ou à le faire passer pour une décision bien plus rationnelle que celle que je m'apprête à accomplir.

Oui. Je vais faire ça. Reculer, tout doucement. Sans bruit. Et aller boire un thé en centre-ville. Super idée, ça. Je suis sûre que le jasmin est-

... Est très probablement exquis, mais ce serait pour une autre fois. Un serviteur a ouvert les portes de la demeure.

Il me toise, surpris de ma présence. Trop tard pour les regrets ? J'imagine. L'air régal, ma voix résonne dans les ruelles vides.

- Une est Fujiwara Urumi du Pays du Fer. Veuillez la mener à votre maître.

L'invitée est importante, le domestique le reconnait. C'est avec hâte et nombre de courbettes que je suis menée à l'intérieur. Qu'on me fait attendre dans un petit salon, le temps que le patriarche se rende disponible.

Les minutes sont longues, l'envie de quitter les lieux résonne de plus en plus. J'espère, au fond de moi, qu'il soit absent. Ou indisposé.

Genre pas indisposé à cause d'une blessure. Ou s'il y a blessure, pas le genre super grave. Mais assez pour ne pas vouloir de visiteurs.

Espoirs vains, le voilà en ma présence. Nara Shun, que je connaissais fort peu. Au tempérament moqueur et un brin mystérieux.

C'est cet homme que je devais affronter. Enfin, nan. Ou si. Je ne sais pas. Mais j'étais là pour extraire une concession.

Je sais que je vais devoir me montrer ferme. Ma faiblesse, il faudra l'effacer. L'Hiver, c'est ça que je dois lui présenter.

Mais en attendant, faisant preuve d'éducation. Je m'incline selon les rites du clan, assez bas, j'exprime le respect à celui qui est mon ainé.

- Nara-san, une ne saurait vous remercier assez pour votre accueil et votre support. Elle espère que cet humble offrande exprimera une partie de la gratitude qu'elle a à votre égard.

Dans mes bras, j'avais un rouleau d'étoffe, de la soie venant du Sud. Assez pour en faire un yukata ou un kimono, à sa convenance. M'inclinant à nouveau, je le lui tendais pour qu'il puisse constater la qualité, avant qu'un autre domestique m'en soulage.

Nous étions assis, maintenant. Yeux dans les yeux. J'incline à nouveau ma tête, ma voix prenant des tonalités solennelles.

- Elle vous sait occupé, elle ira droit au but.

Grande inspiration. C'est le moment où jamais. Mes yeux prennent la dureté de la glace, ma voix sonne comme un constat et non une demande.

- Je viens vous demander l'autorisation de courtiser votre fils, Haruko-san.

Le silence s'impose à nous. Et ... dit comme ça.

Je trouve ça un peu. Très. Ridicule.

La couleur ne peut s'empêcher de teindre mes joues, doucement au début. Rapidement ensuite.

Jusqu'à ce que j'en devienne cramoisie.

Mer 27 Sep - 23:51 Expérience : 779 Messages : 215

▶ Sujet: Re: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

« Fujiwara Urumi vous demande, je l’ai mené au salon des invités. »
« Tiens donc. Nos chemins se croisent à nouveau ? La dernière fois que j’ai vu cette petite, c’était lors d’une mission. Elle était avec mon fils ! Que veut-elle ? »
« Elle est apprêtée maître. »
« Pardon ? Qu’entends-tu par apprêter ? »
« Je ne saurai vous donner des précisions, je suis navré. »
« Très bien... Je la rejoindrai sous peu, merci de lui réserver un accueil digne de sa personne. »

Pendant qu’il se préparait, Shun s’était laissé porter par un jeu qu’il avait créé de toutes pièces. Il cherchait à rassembler toutes les informations en sa possession afin de deviner les intentions de son invitée. Bien sûr, il n’avait pas oublié sa première rencontre avec cette dernière, il n’avait pas non plus omis la dernière mission qu’elle avait entreprise aux côtés de son fils. Aucun détail ne lui avait échappé, cela ne ressemblait pas à cet homme.

Avait-il résolu cette équation ? Possible, son sourire en coin était certainement la réponse. Ou alors, il était dans l’incertitude puisque dans ce problème, loin d’être mathématique, se trouvait celui qu’il avait élevé. Son jugement était-il faussé ? C’était une possibilité.

Le dignitaire Nara s’était finalement présenté dans le salon, où se trouvait l’adepte du Bushido. Le domestique de la maison l’avait précédé, afin de déposer à même la table en bois, de quoi se sustenter, comme il était coutume.

L’expression sérieuse, Shun avait rendu les signes de respect à son invitée, en s’abaissant à son tour. Il ne put néanmoins dissimuler sa surprise lorsque son interlocutrice lui tendit un présent. À sa connaissance, il ne méritait en rien une telle offrande. Il était vrai que Shun avait participé à la dernière mission, afin d’aider ce jeune duo, mais apprêtée de la sorte, un présent de cet acabit, c’était bien trop à son goût. Tellement trop, que cela s’avérait peu probable.

« Merci. »

Avait-il rétorqué, sans aucune demande d’explications. Le maître de maison avait ressenti l’effort d’Urumi, il savait que l’explication n’allait pas tarder et ne souhaitait pas l’entraver dans sa quête. En quelque sorte, il compatissait.

Finalement, la réponse ne tarda pas à montrer le bout de son nez. La dame Fujiwara s’était apprêtée et avait fait face à Shun, afin de demander l’autorisation de courtiser son descendant. Bien que les Shinobi étaient entraînés à dissimuler leurs émotions et de fait, leurs réactions, cela avait été impossible pour lui. Surpris, les yeux légèrement écarquillés, il avait laissé quelques secondes de blanc et avait été spectateur de l'écarlate visage qu'affichait la dame face à lui.

Cette approche moderne, différente de ce qu’on pouvait voir dans la société actuelle. Elle avait laissé le paternel des jumeaux dans un mutisme presque gênant. Mais finalement, était-il réellement surpris ? Shun avait pu observer son fils avec la Fujiwara et n’était pas passé à côté de l’attention particulière qu’il lui portait. Non, il n’avait pas non plus oublié son regard lorsque la dernière mission s’était terminée. Quelque chose était différent et maintenant, il en comprenait davantage le sens.

« Tout d’abord, prenez place autour de la tablée et surtout, prenez le temps de respirer. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose dis donc. »

Le ton était chaleureux, de quoi rassurer son invitée. Il ne souhaitait pas la brusquer et encore moins, dénigrer sa demande.

« Je vous remercie pour ce présent, c’est très joli, j’aime beaucoup. »

Il aurait voulu ajouter un trait d’humour, comme il pouvait le faire habituellement, certainement aurait-il dit qu’il en ferait une nappe, mais il savait pertinemment que ce n’était pas le ton de cette entrevue.

« Concernant votre demande, je dois vous avouer qu’elle est surprenante. Non pas surprenante de par sa finalité, mais par sa forme. Nous sommes coutumiers de voir nos fils demander de telles permissions, mais une femme ? C’est assurément une première. Soyez assurée que cet élan de modernité ne me dérange en rien, bien au contraire. Si les sentiments sont partagés… je suis tout de même déçu que Haruko ne soit pas à l’origine de cette demande, pour être tout à fait honnête avec vous. »

La déception était à nuancer, Shun était plutôt dans l’esprit taquin et ne se ferait pas prier pour rappeler ce moment à Haruko, tout le reste de son existence. Cela dit, même s’il ne laissait rien transparaître, le paternel était nostalgique, voire un peu triste. Il n’avait pas vu le temps passer et même si pour lui, les jumeaux étaient toujours ses protégés, il devait se rendre à l’évidence, ils étaient à même de tracer leurs propres routes.

« Je ne vois rien qui pourrait m’empêcher de vous donner cette autorisation. Comme tout père digne de ce nom, je souhaite le meilleur pour mes enfants et de nature protecteur, je les accompagne autant que possible dans leurs évolutions respectives. J’ai le sentiment que votre démarche est sincère, cela ne peut me pousser qu’à accéder à votre requête. Puis-je néanmoins connaître les raisons pour lesquelles, vous faites cette demande ? Je ne souhaite pas m’introduire dans votre sphère personnelle, mais je dois vous avouer être curieux à ce sujet. »

La tasse de thé à la bouche, le visage de Shun fut brièvement comme illuminé. Il venait de penser à quelque chose de… capital.

« D’ailleurs, même si vous avez mon autorisation et que comme vous le savez, je suis le maître de cette maison… Un avis compte autant que le mien, surtout lorsqu’il est question d’Haruko… »

Elle était là, le dignitaire Nara pouvait le ressentir. Cachée dans l’ombre, elle avait certainement écouté l’entièreté de cette discussion.

« Je parle évidemment de sa jumelle, Retsuko. »

Souhaitait-elle se montrer ?

Le temps était compté, Haruko était parti en entraînement et même si le mauvais temps ne le faisait jamais renoncer, il n’allait probablement pas tarder à rejoindre la demeure familiale.

Lun 2 Oct - 1:05 Expérience : 154 Messages : 28

▶ Sujet: Re: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

SOMETHING WILD

Non loin de l'entrée de la pièce, cachée dans l'ombre, Retsuko écoute attentivement la jeune kunoichi qui s'est invitée à la table de Shun. Elle remue lentement son éventail devant son visage. Elle reconnaît la silhouette et la voix ; elle était présente lors de l'ouverture des sources chaudes Akimichi, mais elle ne lui a pas accordé une grande attention. Sa voix lui est inconnue, elles n'ont pas discuté dans le bassin, mais Retsuko entend pour la première fois sa petite voix. Fujiwara Urumi s'exprime d'une manière particulière, c'est à la fois étrange, énervant et captivant.

L'empoisonneuse ne devrait pas écouter à la porte, ce n'est pas digne d'une jeune femme noble, mais... Son sang n'appartient pas aux Nara, sa noblesse est un mensonge, alors elle ne se prive pas de trahir la fausse confiance de la Fujiwara. Dans cette maison, Retsuko entend tout, Retsuko voit tout. Ici, aucun invité ne peut échapper à la curiosité de la seule femme de la maison. Pas même son père et son frère.

Pourquoi une Fujiwara souhaite-t-elle parler en privé avec Shun ? Si elle souhaite parler du fameux dragon, elle arrive trop tard. Oh, peut-être se cherche-t-elle un nouveau mentor ? Nara Shun ne perd pas son temps avec les jeunes shinobis, sauf si ces derniers portent le nom Haruko et Retsuko. La blonde va être déçue.

Retsuko ferme son éventail pour mieux entendre la conversation, un geste qu’elle va rapidement regretter.

Je viens vous demander l'autorisation de courtiser votre fils, Haruko-san.

De la tête aux pieds, un frisson traverse le corps de la jumelle. Son souffle se coupe, et son corps cesse de bouger. Le silence qui suit la demande d'Urumi est... pénible. Le seul bruit qui parvient à réveiller Retsuko est celui de son éventail qui se brise. Son poing serré s'ouvre subitement et l'éventail tombe au sol, fracturé et déchiré, visiblement impossible à réparer.

Sensei Hino n'aurait pas attendu une seconde pour la prendre dans ses bras et l'emmener loin de cette scène. Malheureusement, elle n'est pas là, la Nara doit gérer en solo sa réaction et cette situation. Elle reconnaît les signes de sa colère : son corps brûle, du poison s'accumule dans sa bouche, et son for intérieur n'a jamais été aussi réactif. Elle se force à ignorer les insultes, les cris, et son besoin d'attaquer. Elle a l'impression de s'affronter en silence.

Retsuko a la tête ailleurs depuis quelques temps, sa présence n'a jamais été si fantomatique, pourtant elle pensait être un minimum consciente de ce qui se déroulait autour d'elle. Comment a-t-elle pu ignorer la romance entre son jumeau et Urumi ? Elle creuse, creuse et creuse dans sa mémoire, mais aucun souvenir relatif à la situation n'apparaît. Colère, tristesse, incompréhension, Retsuko ne sait pas où se situer. Une chose est sûre, elle n'accepte pas cette nouvelle. Et bien sûr, son père ne va pas accepter. Les jumeaux sont trop jeunes pour se lancer dans la romance, s'unir pour toujours à une autre personne, former une famille... Ils ont déjà une famille. Shun, Haruko et Retsuko, ils n'ont pas besoin d'un nouveau membre. Ils n'auront jamais besoin d'un nouveau membre.

Je ne vois rien qui pourrait m’empêcher de vous donner cette autorisation.
Cette fois-ci, le monde de l'empoisonneuse s'écroule. C'est une mauvaise blague, pas vrai ? Son père ne le trahirait jamais de cette façon, il ne choisirait jamais de séparer les jumeaux, il sait qu'ils sont inséparables et qu'ils ont besoin l'un de l'autre pour grandir. Retsuko a besoin d'Haruko dans toutes les sphères de sa vie ! Elle ne peut pas laisser une femme, un homme, un animal, se mettre entre eux et ruiner leur lien. Haruko n'aimera jamais une autre personne comme il aime sa sœur, et Retsuko n'aimera JAMAIS une autre personne comme elle aime son frère. Ils sont nés dans ce monde ensemble, et ils mourront ensemble.

Je parle évidemment de sa jumelle, Retsuko.

Lentement, Retsuko s'approche de son père et s'arrête un instant pour bien observer Urumi. Si petite, si fragile, pourquoi son frère voudrait-il une partenaire si faible ? Comment l'a-t-elle séduit ? Physiquement, elle ne ressemble à rien. Retsuko le sait bien, elle l'a vue nue, Urumi n'a rien à offrir. Mentalement ? Elle a fait le premier pas pour demander à courtiser un homme. La Nara respecte ce geste et apprécie le courage.

Retsuko s'assoit aux côtés de son père et dépose brusquement son éventail brisé sur la table. Elle dévisage Urumi pendant un instant, le temps de bien examiner son visage de porcelaine.

« Fujiwara Urumi »

Je pourrais t'infliger une douleur que tu n'oublierais jamais, t'entendre crier à la merci de la souffrance. Tu supplieras Haruko de te venir en aide, mais il ne fera rien, car il ne t'aime pas, car tu n'es pas son âme sœur. Tu pourrais te débattre, mais mon poison sera déjà encré dans tes veines, t'empêchant de bouger. Tu ne pourrais que ressentir la douleur jusqu'à ce que ton pauvre petit corps perde son combat contre ma force. Tu n'es rien dans ce monde, ta naissance est une anomalie, une erreur.

« Pourquoi devrais-je vous donner l'autorisation de courtiser mon frère ? Vous ne semblez pas unique, nos clans ne partagent pas les mêmes valeurs, et Haruko n'a jamais mentionné votre nom. Sait-il que vous êtes ici ? Ou avez-vous décidé tout bonnement de vous ridiculiser devant des Nara sans connaître les sentiments de mon frère envers vous ? Haruko est un véritable ange, il est bienveillant envers la plupart des habitants du village, il est facile de succomber à son charme sans réellement comprendre qu'il se comporte ainsi avec presque tout le monde. Peut-être que vous vous faites de fausses idées, Fujiwara. »

Lun 2 Oct - 20:07 Expérience : 441 Messages : 128

▶ Sujet: Re: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

La réaction du paternel d'Haruko-san était ... plutôt positive. Très positive, en fait.

Je n'ai pas pu m'empêcher de pousser un soupir de soulagement, celui-ci s'exprimant de façon ouverte sur mes traits. Moi, stressée ? Du tout. Pas mon genre.

Ce qui était pas mon genre, par contre, c'était de le refléter. Homura m'apportait beaucoup de choses, c'était un fait, mais elle me faisait perdre aussi. Le contrôle de moi, notamment.

A une autre époque, mon visage n'aurait exprimé rien de plus qu'une parfaite sérénité.

Mais ça, c'était avant qu'il évoque la jumelle de mon peut-être amant. Retsuko.

Comme quoi elle avait de l'importance. Et en vrai, pourquoi pas ? C'est vrai qu'elle peut avoir un avis sur la question, même si je reste perplexe à l'idée que son avis compte autant que celui du patriarche.

Au début, j'étais peu inquiète. C'est vrai que je l'ai rencontrée, aux sources chaudes. J'avais eu une bonne impression, même si on n'avait pas échange un mot.

Ca, c'était avant qu'elle vomisse son poison. Avant qu'elle me fasse sentir terriblement ridicule et stupide.

Le pire ? C'est qu'elle a raison. Qu'est-ce que je fais ici, hein ? En quoi je suis digne ou qualifiée ou quoi que ce soit d'autre ? J'apporte quoi, au juste ?

Pendant quelques secondes, je me sens hébétée. Je cligne des yeux, ne sachant pas quoi dire. Ne sachant pas comment réagir.

Elle a raison, Retsuko-san. Je ferai mieux de rentrer chez moi. Oui. L'espace d'un instant, on pourrait presque croire que j'allais me redresser et faire demi-tour.

Me rouler en boule sous la couette. Faire comme si ces instants n'avaient eu lieu. Faire comme si j'avais jamais existé, en vrai.

Mais plus les secondes s'écoulent, plus je me demande, plutôt, pourquoi j'ai droit à ça ? Qu'est-ce que je lui ai fait ? J'ai ... toujours été droite. Juste. J'ai toujours fait ce qui était bon et honorable.

Alors pour qui elle se prend cette PETITE GARCE ?

Les vannes se sont ouvertes et ont laissées une colère infinie se déverser en moi. Contre toute attente ? Mes traits, plutôt que de se déformer sous la rage, ont adoptés les magnifiques contours d'un masque glacé.

Dans un rare calme, ma voix dénuée de toute chaleur s'est contentée d'interroger le maître de maison, mes yeux, dagues de givre, ne quittant à aucun moment ceux de ma vis-à-vis.

- Nara-san. Les propos de votre fille engagent-ils le clan Nara ?

Laissant quelques secondes de silence, je ne le laissais aucunement répondre.

- Car si tel est le cas, je devrai considérer cela comme offense au clan Fujiwara. Et l'honneur me, nous, forcerait à exiger le prix du sang. Considérez mon mot comme aussi vrai que l'aube et la pénombre et que les Hommes meurent.

C'était dit, c'était fait. Rien ne pourrait nous ramener en arrière. Il n'y avait plus que moi et elle. Le défi lancé. Ce que j'étais résolue à faire, pour essuyer l'affront qu'on venait de commettre à mon égard.

Puis, aussi soudainement que je m'étais intéressée à la jumelle, je décidais de l'ignorer superbement et de me concentrer pleinement vers celui qui avait, à mon sens, le vrai pouvoir dans cette pièce.

Pas elle.

Ma voix résonna à peine moins dure alors que j'inclinais la tête avec le respect que je lui devais.

- Néanmoins ... Vos interrogations sont justifiées. Pour des clans tels que les nôtres, la question de ce qu'une peut apporter ... est primordial. Oui.

Et c'était à mon tour de me redresser, de me faire plus imposante et régale que je ne l'étais réellement. Dans ma voix résonne la fierté que j'éprouve pour les miens.

- Vous connaissez mon clan. Un des plus grands et des plus nobles que cette terre ait connue. Que ce soit à Tetsu ou à Homura, notre mot et notre geste sont chantés dans la gloire et le triomphe. Et pour ma part ? Je suis l'héritière du sang le plus noble de Tetsu, je descends de Omnyoji qui dans la Légende du Fer a fendu la Lune ainsi que de Kagemane, compagnon d'Hagane Fléau-de-Phoenix.

Passée l'enfance, la vérité est que je trouvais ces contes ... assez improbables et extrêmement exagérés. Mais ici il était question de se mettre en valeur et tout était bon pour me faire apparaître sous meilleure lueur.

J'enchaîne, ne laissant aucun répit.

- Ma lignée est sans failles, c'est un fait. Elle est l'égale de la votre, Nara-san. Nous partageons tant et plus, dans nos valeurs et nos prouesses, dans ce présent et ce futur que seules des familles de notre renommée peuvent façonner.

Votre fils ne répondra peut-être pas à mes sentiments, je le concède. Je suis ici en toute connaissance de cause. Mais j'ai la conviction de pouvoir non seulement lui apporter tout mon être, mais d'apporter à votre clan tout entier bien plus que ma humble personne.

Je me rassois, alors. Il me semble tout avoir dit. Mais, du coin de l'oeil, je ne peux m'empêcher de regarder à nouveau ma rivale. Mon ennemie. Et l'idée, ridicule, que je n'aurai jamais osée porter, devient évidence.

Elle serait blessée, offensée, dégoutée. Quelle que soit la réaction ? Je m'y complairai. Ma voix devient douce, presque timide, je regarde maintenant mes genoux alors que les prochains mots sont prononcés.

- Après tout ... Je devine vos préoccupations. J'ai conscience que votre descendance, votre branche, dépend d'Haruko-san. Je peux vous assurer la sérénité, même si je ne suis encore guère en âge d'enfanter, nos médecins ont confirmé ma fertilité. Si enfants nous avons, ils seront en bonne santé. Ils seront forts et braves, comme dans mon clan. Et brillants et sages, comme dans le votre.

Lun 9 Oct - 19:32 Expérience : 779 Messages : 215

▶ Sujet: Re: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

Shun connaissait parfaitement le tempérament de sa fille adoptive, il était peut-être le plus à même de la comprendre à ce moment-même. C’était pour cette raison qu’il avait sciemment accepté la présence de Retsuko et lui avait laissé l’opportunité de s’exprimer. La réponse avait été plutôt sèche, à l’image de l’utilisatrice de Dokuton, celle-ci était d’autant plus venimeuse lorsqu’il s’agissait de Haruko.

La tension était à son comble, le dignitaire Nara pouvait le sentir, si bien qu’il s’était paré à toutes éventualités en malaxant une petite dose de chakra. Pour qui était destiné ce chakra ? évidemment, sa propre fille.

Cela l’avait ramené un court instant, à l’enfance des jumeaux. Il se rappelait des journées interminables où il devait utiliser son Kagemane à tout bout de champ, afin de les calmer et les maîtriser. Il était parfois difficile d’élever un enfant, alors des jumeaux, pour une personne si peu expérimentée, cela pouvait s’avérer moins aisé qu’une mission classifiée S.

« Ma fille parle en son nom et avec son cœur. Et je peux vous garantir qu’aucune goutte de sang ne sera versée. Je ne l’autoriserai pas, tout comme je ne pourrai accepter un débordement au sein de ma maison ou de l’enceinte de notre cité. J’espère avoir été clair, je ne vous permettrai pas de me faire répéter. »

Le ton était cinglant, si l’on pouvait juger l’atmosphère suffocante auparavant, dorénavant, il était impossible de respirer.

Mais cette phrase, n’était pas destiné à son interlocutrice seulement. Le mouvement des yeux du maître de maison pouvait le confirmer, les deux jeunes femmes étaient visées par ses palabres.

Pour le bien de tous, Shun s’était laissé porté par l’idée qu’arrêter cette entrevue était la bonne décision à prendre. Mais un argument de la Fujiwara l’avait tellement surpris, qu’il avait été presque comme soulagé, comme s’il était lui aussi à même de respirer dans sa propre demeure.

Un nouveau blanc, semblable à une éternité, pendant que Shun arborait un visage inexpressif. La jeune femme avait émis l’idée d’une descendance forte, elle était soi-disant fertile et… Non, il n’en revenait pas. Avait-elle réellement dit ça ?

Shun avait doucement tourné sa tête en direction de Retsuko, comme pour la sonder après avoir entendu ça. Une Kagemane avait naturellement fait son apparition, un jutsu très discret qu’aucune d’elles n’aurait pu le remarquer. L’ombre avait délicatement frôlé sa fille avant de l’empêcher de se mouvoir.

« Je. je prends le relais ma fille. »

Ses yeux étaient maintenant posés sur la Fujiwara, celle qui allait certainement bouleverser cette famille, peu importe la réponse qu’il allait apporter. Ce bouleversement pouvait être positif, tout autant que négatif.

« Un père d’une famille noble traditionnelle serait enchanté d’entendre ça mais, je ne suis pas un paternel de cet acabit. Peu importe notre statut social, nous les Nara, nous sommes par définition différents. Et alors même que cette différence pourrait en faire vaciller plus d’un, vous êtes tombée sur une famille encore plus… à part. Mes enfants ne possèdent pas l’once de mon sang et pourtant, leurs avenirs m’importent bien plus que les miens. Vous êtes fertile et c’est une très bonne chose, je suis sûr certain que votre descendance sera à votre image, du moins c’est tout ce que je vous souhaite.

Je comprends la raison de votre venue, cette preuve de respect à mon égard vous honore dame Fujiwara. Tout comme je ne pourrai empêcher mes enfants de trouver l’amour en ce monde, je ne peux vous retirer ce droit. Ce qui m’est cher est le bonheur des jumeaux, si Haruko trouve ce bonheur en vous, alors soit. Vous avez nos réponses, ou du moins… par déduction ; reste maintenant à obtenir celle de mon fils, la plus importante. »

Qu’en était-il de Haruko ?

Mer 25 Oct - 22:05 Expérience : 441 Messages : 128

▶ Sujet: Re: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

Je me suis sentie particulièrement ... gênée. J'avais tellement envie de disparaître, surtout maintenant que le silence nous suffoque.

Avec du recul, je vous avoue que je n'ai pas compris pourquoi les prochains mots de Nara-san, paternel d'Haruko, m'ont fait vrillée.

Peut-être la pression accumulée. Peut-être une frustration profondément enfouie en moi qui a eu enfin le déclic pour s'exprimer.

Mais se qualifier de différent, lui comme son clan, m'a terriblement offensé.

Différents, eux ? Les Nara tout comme lui ? Ils n'ont rien de différent.

Nous, Fujiwara, sommes différents. Vraiment différents. Dans tous les sens bons du différent.

Si être différent, pour lui, c'est emprunter les mœurs de la classe populaire pour oublier le poids de leur devoir et la grandeur de leurs ancêtres, je trouvais ça insultant.

Pour nous comme pour ceux qu'il cherche à singer.

Je sais, c'est ... indigne de ma part, d'exprimer de telles pensées. Je ne comprends pas pourquoi je me sens si ... agressée. Enfin, si, je comprends.

Ce n'est pas de sa faute, au fond. Le problème, c'est moi. Ca l'a toujours été.

Le fait est qu'il m'accorde sa bénédiction. N'est-ce pas là ce qu'il y a de plus important ?

Le reste est vain. Le reste appartient au passé. Je peux partir victorieuse.

Pas vrai ?

Je me lève alors, lentement, avant de m'incliner bien bas, peut-être de façon un peu trop rigide.

Ma voix ne peut totalement cacher le trouble ou l'agitation que je ressens. Je m'en maudis.

- Votre retour me trouve honorée. Elle n'oubliera pas la bienveillance que vous avez fait preuve à son égard.

Je me tournais désormais vers Retsuko-san. La jumelle de mon, peut-être, conjoint. Mes yeux se plissent. Je l'observe, longuement.

Je n'éprouve aucune bienveillance à son égard et je ressens à peine moins que de l'hostilité.

Mais une fait partie de la vraie noblesse et elle a été éduquée pour être élégante quelle que soit les circonstances, quitte à ce que la lie qualifie cela d'"hypocrisie".

Ma voix sonne comme le velours, alors.

- Nara-san, ce fut un moment ... "intéressant". Une est dans l'expectative de notre prochaine rencontre.

La violence, elle gronde. Mes prunelles, faisant de leur mieux pour rester inexpressives, ne peuvent s'empêcher de briller d'une façon particulière alors que je grave ses traits dans ma mémoire.

Je ne l'oublierai pas, nan. Même si je sais. Je sais que je devrai faire tout mon possible pour être en bons termes avec. Que ce conflit nous causera du tort, à son frère comme à moi.

Mais elle m'a offensée. Et une est Fujiwara. Une est vraiment différente.

Une n'oublie pas. Elle suit les anciennes voies.

M'inclinant une nouvelle fois, c'est avec grâce que je quitte les lieux. Presque avec une lenteur délibérée. Pas que je cherche à provoquer, non, même si ce fait ne me gêne guère.

Nan, c'est pour exprimer mon assurance. Une confiance qui se veut inébranlable.

Certaines personnes ne comprennent que ça, après tout. Autre chose serait vu comme de la faiblesse.

J'étais maintenant dehors. Ma démarche reste la même, alors que je quitte les quartiers Nara.

Loin, je suis assez loin maintenant. Je suis presque certaine que personne peut me voir, là.

Dans une ruelle quelque peu dérobée, la tension se relâche. Mes épaules s'affaissent, le masque s'effondre. Je me laisse glisser contre un mur en poussant un long soupir de pure fatigue.

Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres. Suivi d'un hurlement empli de frustration et de colère.

Et de pas mal de souffrance. De déception.

Je me calme enfin, mais pas avant d'avoir frappé à plusieurs reprises le poteau à ma droite.

Autant vous le dire, le poteau s'en est mieux sorti que moi. Mes phalanges sont en sang.

La douleur me permet de penser à autre chose. Me permet de m'évader.

D'oublier que dans la maison de celui que je souhaitais être mon prétendant, une illustre inconnue a réussi à briser le peu de confiance que j'avais dans ma démarche.

Et au fond, elle a raison.

Qui suis-je, si ce n'est une fille quelconque avec rien d'unique ?

▶ Sujet: Re: Something Wild [Ft. Nara Haruko]

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