Les vallées émeraudes et les immenses canopées de Hi laissaient progressivement place à un no man’s land, un espace transfrontalier marquant la transition entre les terres de neige et les luxuriantes contrées du Feu. La verdure vivace et accueillante de Hi contrastait avec la pâleur et l’hostilité de Tetsu, du moins dans l’esprit du natif du pays, il ressentait dans sa chair les tourments qu’il avait traversé en vivant au coeur d’un pays amaigri de ressources, luttant perpétuellement pour sa survie. Quoique la terre mère offrait des paysages sublimes et dignes des plus grandes représentations picturales, on ne pouvait nier la réalité que ces conditions climatiques cruelles pouvaient imposer à ceux qui s’y installaient. Une réalité toute en nuance, mais qui se faisait supplanter par l’indicible réconfort de rentrer chez soi, et d’avoir le plaisir bientôt de retrouver les siens. La lactescence des plaines de neige était ponctuée par endroits par des escarpements glaciers, des collines et des lacs gelés, des grottes calcaires aux stalactites incisifs, des villages isolés et drapés d’un pittoresque manteau blanc. Il avait hâte de retrouver la chaleur du foyer, voir la fumée des cheminées s’élever vers le ciel, les lumières des fenêtres consteller les maisons la nuit, l’ambiance conviviale des soirées festives et la proximité de ses proches et amis. La tendresse de ces heureux souvenirs de son enfance suffisait à aguerrir et galvaniser le jeune timoré qu’était le Tetsujin.

Habillé d’un manteau épais de fourrure par dessus sa traditionnelle tenue, une écharpe et des bottes de circonstance, et d’un sac de voyage bien garni de provisions et d’objets de survie, il se laissait guider par ses propres souvenirs du chemin pour arriver jusqu’à chez lui, une étape qui allait leur permettre de se reposer et de récupérer des provisions pour la route. Il avait aussi connaissance de plusieurs lieux d’intérêt sur le chemin qu’ils pouvaient éventuellement visiter, toutefois, il redoutait aussi certaines terres tapies dans le brouillard de guerre qu’aucun individu n’osait pénétrer, des lieux où la civilisation n’avait pas sa place, nimbés de mystère et de dangers. Esprit fantasque et amoureux des récits épiques, Yoichi était naturellement porté à découvrir ces endroits un jour, même s’il avait de tous temps évité de le faire de peur de connaître un sort funeste. Il avait beau être un doux rêveur, il n’en était pas moins lucide sur ses propres forces et faiblesses. Être accompagné d’une guerrière telle que la Fujiwara avait le don pour le rassurer davantage sur ses chances de succès, et le fait qu’il était devenu bien meilleur combattant depuis sa dernière visite à Tetsu, il n’était plus aussi inquiet de marcher sur ces terres inhospitalières.

Plus ils avançaient, plus la neige environnante se faisait profonde jusqu’à hauteur des genoux, c’est pourquoi il préconisait à sa collègue de s’en tenir aux sentiers dont la neige avait fondu, et où il était plus facile de circuler. Pour une autre raison aussi: les créatures les plus dangereuses se trouvaient souvent au-delà de ces sentiers, il était donc plus prudent pour eux de suivre la route plutôt que de s’en éloigner. Une mesure de prudence, quoique cela ne leur garantissait pas d’être en sécurité. Car hormis les bêtes sauvages et les Yôkai, il était possible de faire la rencontre d’individus aux intentions moins honorables, pour ne pas dire hostiles, comme cela était le cas dans le reste du Yuusei. Loin de vouloir mitiger l’enthousiasme de sa compagne, au contraire, il trouvait sa bonne humeur communicative, il lisait à travers ses yeux cette excitation de la découverte, l’expérience de la première fois. Après tout, elle n’avait jusqu’alors connu que la verdoyance de Hi, et le confort des tentes du quartier Fujiwara, c’était un nouvel univers pour elle, un nouveau panorama. Cette soif de l’aventure, cette curiosité pour l’incertain, il en avait fait lui-même l’expérience quand il avait décidé de voler de ses propres ailes, quitter le cocon familial pour parcourir le monde.

Tandis qu’ils marchaient pendant des heures et que les membres ressentaient de plus en plus la morsure du froid, il tenta d'occuper leur esprit en racontant à Izanami le premier jour où il était parti de son village avec son ami d’enfance, et où il avait [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], aussi appelé Higan Kayô. Ces yôkai mineurs étaient originaires seulement de Tetsu, il la mit donc en garde s'ils venaient à en rencontrer sur leur route, bien qu'il ne s'agisse pas d'un réel danger comparé à ce qu'il pourrait les attendre...

Vous aviez franchi la frontière, empruntant un chemin dépourvu de soldats et de postes de garde. Le paysage qui s'étalait devant vous était recouvert d'un épais manteau de neige, rendant toute vie difficile dans les parages.

Vous progressiez lentement à travers cette immensité glacée. À chaque pas que vous faisiez, vos jambes s'enfonçaient dans la neige jusqu'à vos genoux, et le froid mordant s'insinuait à travers vos vêtements. Yoichi puisait dans ses connaissances du pays pour vous orienter au mieux dans cet environnement inhospitalier.

Vous discutiez tout en avançant vers une colline lointaine. Chacun de vos pas créait un doux bruit de crissement sous vos bottes, un son apaisant qui contrastait avec le silence de ce désert glacé.

Soudain, alors que vous vous rapprochiez de la colline, quelque chose attira votre attention. À mi-chemin entre vous et la colline, vous distinguâtes un bras tremblant qui surgit de la neige. La scène était aussi inattendue qu'intrigante. Le bras semblait être un appel à l'aide, une apparition presque fantomatique dans ce paysage immaculé.

Vous vous approchâtes avec prudence, peut-être curieux de découvrir ce qui se cachait sous cette neige ou simplement pour poursuivre votre chemin. Plus vous avanciez, plus la scène devenait claire...

Un homme d'âge mûr, nu et particulièrement poilu, gisait à plat ventre dans la neige, son bras toujours levé dans un geste désespéré. Son corps était exposé au froid glacial, et quelques poils givrés de son postérieur semblaient scintiller comme des joyaux gelés. La scène était à la fois surréaliste et déconcertante...

Que comptiez vous faire ?

Le phénomène dont il étaient témoins était étrange, mais pas improbable. En effet, face à l’usure du froid et les dangers guettant les voyageurs au moindre détour, il était possible que ce pauvre homme ait fait une mauvaise rencontre et qu’il se soit fait détrousser de ses vêtements jusqu’à se retrouver dans cette situation. Au-delà de la vision aberrante, c’était surtout la condition du corps qui relevait du mystère, car si le corps de l’homme était encore à découvert au lieu d’être enseveli dans la neige, il était probable qu’il se soit retrouvé récemment dans cet état, signifiant sans aucun doute que le danger dont il fut la victime n’était pas allé bien loin. Inspectant la victime dans la neige d’un simple regard, il était évident que la main levée était comme un appel à l’aide dans les derniers instants, mais pour qu’il fut gelé dans cette position… Il se demandait si cela était l’effet de la rigor mortis qui rigidifie les muscles au moment de la mort, auquel cas sauver le pauvre homme ne se posait plus, ou s’il s’agissait tout simplement du froid qui avait gelé son bras au point de se trouver dans cette position. Rien n’était moins sûr, aussi Yoichi se demanda s’il était sage de prendre le risque de confirmer si l’homme était bien mort ou pas, faisant suite à la question d’Izanami qui avait tenté de réveiller l’homme nu de sa voix. Rien ne disait que le corps n’était pas un leurre ou qu’il n’y avait pas quelque chose de caché sous le corps qui pouvait leur révéler un indice sur la raison de son sort, ou encore… un piège qu’il n’était pas pressé de découvrir. Ainsi, plutôt que de céder immédiatement à sa curiosité, il fit plusieurs pas en arrière afin de garder une distance de sécurité, fit signe à sa camarade d’en faire de même tandis qu’il déroulait un rouleau de sa ceinture. Sur ce rouleau qu’il posa à terre, il toucha un marquage qui fit naître un écran de fumée qui se dissipa très vite pour laisser place à un oiseau mécanique de plusieurs mètres.

— Nous allons avoir notre réponse.

De quelques mouvements des doigts, il prit le contrôle de sa créature de bois et métal qui s’envola dans les airs jusqu’à une certaine altitude au-dessus de l’homme dans la neige. A l’aide de ses serres, le pantin volant attrapa le corps à partir de l’une de jambes afin de le hisser en l’air et la tête à l’envers, et leur donner un aperçu du visage de l’inconnu et de son état de santé. Si l’homme était encore vivant, Yoichi voulait s’en assurer. Car il s’en serait voulu profondément de laisser pour mort quelqu’un qu’il aurait pu sauver. Peut-être que son acte de bénévolence allait lui coûter cher cette fois-ci? Dans tous les cas, il était prêt à payer le prix.

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan
Une fois à proximité de l'étranger, Izanami tu tentas de t'enquérir de son état. L'homme, toujours frissonnant dans la neige, semblait te répondre...

« Fr... froid... j'ai... fr.. ! » Tenta -t-il de répondre, d'une voix faible.

Puis, il toussa à plusieurs reprises, laissant échapper des gémissements de détresse. Yoichi, bien que méfiant envers la supposée victime, tu décidas de te rapprocher pour prendre la place de ta camarade de voyage. Ainsi, tu usas de ton oiseau mécanique, une création pour le moins ingénieuse, pour agripper le pied de l'homme et le soulever délicatement de la neige. Au fur et à mesure que le corps de la victime se relevait, il devint évident qu'il n'avait aucune blessure apparente. Son corps était simplement couvert de poils givrés, de la tête aux pieds. Ses joues étaient particulièrement joufflues, et son ventre bien arrondi.

Oui, vos interrogations étaient légitimes. Et, Yoichi, si tu cherchais dans les tréfonds de tes souvenirs, cet homme t'évoquerait peut-être la légende des hommes des cavernes. Ceux qui avaient toujours rejetés les autorités Tetsujin pour préserver leur indépendance. Peu osait s'aventurer dans leur territoire situé à quelques kilomètres au nord-ouest. Cependant, est-ce que tu pouvais le confirmer avec certitude ? Et quand bien même ce serait le cas, est-ce que cela changerait quelque chose pour vous ?

Quoi qu'il en fût, Face au sang qui reprenait sa circulation normale vers son cerveau, la victime ouvrit lentement les yeux, révélant un regard surpris et confus.

« Fr..  froid... j'ai froid ! » Répéta -t-il, en toussant.  

Il réalisa finalement comment vous le traitiez, la tête vers le bas et ses bijoux de famille exposés tels de trophées aux yeux d'inconnus, dont une gente dame. Il sembla soudainement gêné par la situation, son visage teinté de rouge.

« Pourquoi... Pourquoi est-ce que vous me traiter ainsi ? » Balbutia-t-il, visiblement gêné et au bord des larmes. « Donnez-moi quelque chose pour me couvrir, je vous en supplie ! » Ajouta-t-il en s'agitant pour tenter de cacher ses parties intimes, en vain.

Il commençait à sangloter. C'était surréaliste compte tenu de son âge, probablement la quarantaine, et son physique pour le moins imposant.

« ... Ils m'ont dépouillé de toutes mes affaires. Ils ont même pris mes vivres alors que nous sommes à une saison de l'hiver... Comme si ce n'était pas déjà assez humiliant... » Marmonna-t-il, couvrant son visage de ses mains tout en toussant à nouveau.

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On entendit une voix, le premier signe de vie. En apparence, l’homme avait froid et semblait peu agressif, encore moins d’être dangereux. Son corps mollasson lui donnait l’air d’un néanderthal dont il ne manquait que le pagne et le gourdin. En voyant le mollusque gigoter au bout des serres du rapace mécanique, bien qu’encore méfiant, Yoichi ordonna à son pantin de relâcher sa prise et laisser l’homme retomber dans la cavité qu’avait creusé sa silhouette inerte. Heureusement, le matelas de neige permettait d’amortir le choc quoique le lâcher manquait de délicatesse, le va-nu-pieds était revenu d’entre les morts et pouvait s’estimer chanceux que de bons samaritains aient croisé son chemin au milieu de nulle part. En excavant les relents de sa mémoire, il se souvenait qu’ils étaient en train de marcher dans une zone à la frontière d’un domaine réputé pour abriter un peuple d’hommes des cavernes qui refusaient de se soumettre à l’autorité de Tetsu. Des indépendants, des hommes sans loi pour les subjuguer. S’il avait eu vent de ces énergumènes, il n’était pas sûr qu’ils existaient réellement. Et si cet homme se trouvait si près du chemin qu’empruntaient les voyageurs, peut-être avait-il une raison particulière pour s’être éloigné de sa tribu. Un chasseur, un éclaireur? Il était prudent de ne pas prendre tout ce qu’il disait pour argent comptant, jusqu’à ce qu’ils aient la confirmation que ses intentions fussent bienveillantes. Complètement nu comme un ver, il faisait de la peine à greloter et à implorer qu’on le sauve de cette situation. Une peine à laquelle il était difficile de ne pas se montrer compatissant, ce fut pourquoi Yoichi accepta de partager des vêtements de rechange qu’il sortit de son sac, bien que la taille risquait de ne pas convenir et s’avérer inconfortables, c’était déjà mieux que de mourir d’hypothermie.

— Mes excuses, je voulais m’assurer que vous n’étiez pas un danger pour nous. En écoutant Izanami proposer son aide pour trouver les agresseurs, Yoichi eut une moue sur le visage, quelque peu mitigé à l’idée de faire un détour par rapport à leur trajet initial, surtout sans être certains qu’une fois arrivés à destination, ils ne se fassent pas prendre dans un traquenard. Je ne suis pas très familier avec cette zone car elle est plutôt éloignée de la civilisation. Les seuls humains qui peuplent les environs me font dire que vous faites partie de cette tribu d’hommes des cavernes qui vit au nord-ouest d’ici? Vous êtes bien loin des vôtres, l’ami.

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan
L'inconnu s'empressa d'enfiler les vêtements que Yoichi lui avait généreusement offerts. Le résultat était pour le moins déconcertant : les habits s'avérant en effet bien trop petits pour épouser les courbes de son corps. La rondeur de l'homme débordait légèrement des contours du tissu, laissant entrevoir une partie de son ventre. Une déchirure marquait déjà le bas des vêtements, mais l'essentiel était que l'étranger disposait désormais de quoi protéger son honneur. Malgré l'ajustement quelque peu hasardeux, il semblait néanmoins bien plus à l'aise qu'auparavant.

« Merci, merci, merci infiniment. »  Finit-il par rétorquer en s'agenouillant, la tête contre la neige.

Il se redressa et essuya d'un revers de la main la morve qui coulait le long de son nez, un sourire aux lèvres.

« Je me nomme Nezumi Katsuo. » Reprit-il en se frottant les bras pour retrouver un peu de chaleur. « Oui, ils étaient plusieurs. Ces lâches m'ont attaqué par surprise, m'ont assommé et ont emporté tous mes biens. Vous voulez vraiment m'aider à récupérer mes affaires ? C'est incroyable, je ne sais pas comment vous remercier. » Ajouta-t-il, visiblement ému par la proposition d'Izanami.

Il n'était pas loin de vouloir la prendre dans ses bras, mais les katanas à taille le dissuadèrent. Il vous regarda à tour de rôle, puis posa définitivement ses pupilles sur Izanami.

« ... En réalité, j'ai été banni par les miens il y a plusieurs semaines. Ils me considèrent comme faible et trop tendre. Sans votre intervention, je serais peut-être déjà mort... Depuis quelques jours, je cherche à me rendre au village de Yukiryu, mais les chemins sont dangereux. Et vous, où comptez-vous aller ? » Demanda-t-il par curiosité.

Essuyant d'un revers de la main son nez qui continuait de couler, Katsuo posa son regard sur Yoichi, quelque peu étonné par son intervention.

« ... Cela fait longtemps que je n'ai pas entendu cette appellation. » Rétorqua-t-il, étonné par la mention des "hommes des cavernes". « Tu dois être originaire de Tetsu, j'imagine ? Je suis en effet un descendant de ceux qui ont bâti Tetsu avant que la société ne finisse par les rejeter et les considérer comme des sauvages... Ce n'est pas très gentil de nous nommer ainsi, mais rassurez-vous, vous ne risquez pas de croiser les miens dans le coin, Ahaha ! » Ajouta-t-il, d'un léger rire.

Il se frotta de nouveau les bras pour les réchauffer, tandis que son regard admirait les katanas d'Izanami.

« Vous devez être une Fujiwara, je parie ? Vous n'avez pas tenté de me trancher et vous me paraissez beaucoup moins sauvage que ceux que je connais. Je présume que vous devez provenir d'ailleurs ? » Ajouta-t-il, d'un sourire amical. « Même s'ils ne nous font en général pas de cadeau, j'adore beaucoup les Fujiwara, surtout la légendaire Fujiwara Tomoe. Ce n'est pas donné à tout le monde de donner sa vie en emportant tous ses ennemis au cours d'une bataille sanglante et mémorable. » Fit-il, sourire aux lèvres.

Il renifla pour résorber sa morve, puis vous invita à le suivre jusqu'au sommet de la colline pour observer Tetsu dans toute sa splendeur. Une fois au sommet, vous aviez une vue d'ensemble sur le pays : des lacs, des forêts de pins et des montagnes, tous recouverts de neige, s'étendaient sur une vaste zone. Trois petites routes se dessinaient au pied de la colline, chacune menant vers une destination différente.

« Alors, où allons-nous, les amis ? » Fit Katsuo, en se frottant les bras.

Il se retournait pour vous épargner la vue d'une partie de son postérieur qui peinait à rentrer dans le pantalon offert par Yoichi, et vous exposait sa graisse abdominale non dissimulé par son haut.

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Le cœur serré, il pouvait constater les filaments du vêtement se déchirer un par un sous la pression abdominale du ventripotent personnage aux traits disgracieux. Ces mêmes vêtements dont il prenait soin chaque jour, se faire meurtrir sans merci sous ses yeux, la scène était difficile à supporter. Mais il se retint de faire le moindre commentaire déplacé, la main tremblante non pas à cause du froid mais plutôt à cause du traumatisme de voir un quidam porter ses propres habits, avoir l’impression d’avoir devant lui une copie imparfaite de soi-même, le sentiment d’assister à un cauchemar éveillé dont il ne pouvait se détourner. Les minutes furent longues et douloureuses. Lorsque l’homme termina sa session d’essayage, il se mit à remercier le jeune homme et à se présenter sous le nom de Nezumi Katsuo, qui a été exilé de sa propre tribu pour avoir été considéré comme “trop faible et tendre”. En déplaçant son regard de bas en haut, Yoichi pouvait comprendre ce qu’ils entendaient par là. Il ne paraissait ni être très athlétique ni avoir le caractère d’un “homme des cavernes” — les siens non plus n’étaient pas de cet avis apparemment, c’est pourquoi il fut mis au ban de la société dont il faisait partie. Mais à Tetsu, là où le froid glaçait le sang et où les villages étaient séparés par des kilomètres de glaciers peuplés de dangers en tous genres, abandonner quelqu’un dehors revenait à le condamner à la mort. Ce fut donc un sentiment de compassion qui prit le pas sur ses écueils de méfiance envers cet homme qui avait littéralement tout perdu dans sa vie, jusqu’à ses frusques.  

— Ce n’était pas mon intention de me montrer désobligeant envers vous, Katsuo. Mais les Tetsujins ne vous connaissent que sous le nom des “hommes des cavernes”, je serais curieux de savoir le nom que vous vous donnez dans ce cas? Pouvez-vous nous en dire plus sur vos us et coutumes, ce qui fait que vous avez décidé de vous isoler du reste du pays?

Il était facile de se laisser aller à l’ethnocentrisme quand on y ignorait de tous d’une population étrangère à sa culture, ainsi décida-t-il de corriger le tir en questionnant son interlocuteur sur cette nouvelle société qu’ils avaient formée dans le nord-ouest. Depuis son enfance, on l’avait mis en garde par rapport à ces indigènes, même si sa curiosité le poussait à éclaircir le mystère qui planait sur eux. Tandis qu’il arrivait à l’arête du monticule de neige le plus proche, offrant une large échappée sur les itinéraires qui s’offraient à eux, il distinguait entre autres: des montagnes, un lac et une forêt. Trois types de paysage différents qui regroupaient des dangers singuliers, l’obligeant dès lors à évaluer le potentiel de chaque situation. Il se souvenait que le château inconnu se trouvait dans cette direction, mais était-ce vraiment le moment d’aller le visiter ? Le regard au loin, il informa ses coéquipiers afin de convenir ensemble d’une décision.

— Ce trajet me rappelle quelque chose. Les montagnes là-bas, elles sont réputées pour être peuplées de Yokais et de tribus indigènes. Les lacs en contrebas, peut-être moins d’ennemis mais c’est très instable. Enfin, la forêt peut abriter des Yokais, elle conduit à plusieurs destinations notamment un château inconnu au nord, et un pont sécurisé à l’est qui sert à protéger des invasions ennemies. Il marqua un temps de réflexion. Je pense que quoi qu’il arrive, nous tomberons face à de la résistance. J’essaye de me souvenir des tribus indigènes qui se trouvent dans les montagnes, vous avez une idée Katsuo? Et étant donné que nous n’avons aucune idée d’où peuvent se trouver vos agresseurs, on doit supposer qu’ils font partie des indigènes ou alors il s’agirait des ennemis d’Oto avec qui nous sommes actuellement en guerre. Allons-nous d'abord à la poursuite des agresseurs puis on vous accompagne au village de Yukiryu? Que comptiez-vous y trouver là-bas?  Il se tourna vers sa partenaire. Qu’en pensez-vous Izanami?

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan
Alors que la morve s’écoulait le long de son nez, laissant des traces givrées sur son visage, Katsuo renifla bruyamment, aspirant soudainement le liquide visqueux de façon inattendu. Une onde de froid remonta alors jusqu'à son crâne, le forçant à secouer brusquement la tête tout en lâchant un rugissement sauvage. Il passa plusieurs fois la main sur son nez pour s'assurer de l'avoir bien nettoyé, puis tenta maladroitement de poser ses mains sur les épaules d'Izanami, arborant une expression ahurie.

« Vraiment ? Tu viens vraiment de l'étranger ? Et tu es une Fujiwara ?! Par les seins d'Amaterasu, quelle surprise, je ne pensais pas avoir raison. HAHAHA ! » Fit-il, d’un rire rauque.

Un éclat de satisfaction illuminait son visage alors qu'il hochait la tête en réponse à l'interrogation d’Izanami.

« Ne sois pas surprise. Après tout, elle a sacrifié sa vie pour défendre Tetsu. La légende raconte qu'elle a affronté seule plus d'une centaine de shinobis d'élite. Il existe même une statue érigée en son honneur à l'est du pays. Cependant, il vaut mieux éviter de s'y aventurer, car cette zone est fortement garnie en soldats, et joue un rôle stratégique dans la guerre contre Oto. » Reprit-il, en se curant le nez, les yeux fixés vers la destination en question. « ... J'y pense, pourquoi est-ce que tu t'intéresses à elle ? Tu l'admires aussi ? Tu voudrais te recueillir sur sa tombe ? » Reprit-il, par curiosité.

Alors que la neige continuait de tomber sur vous, Katsuo asséna une légère tape à Yoichi pour indiquer qu'il ne lui en voulait nullement d'avoir utilisé le surnom honni par les siens.

« C'est bon, pas de souci. Après tout, on est amis maintenant, non ? » Ajouta-t-il, d’un large sourire qui ferait très certainement fuir n'importe quel enfant. « ... En réalité, nous sommes de la tribu de « Kōkan ». Les anciens Tetsujin, ceux qui connaissent bien notre histoire et n'ont pas cherché à nous effacer des annales, nous désignaient comme les « enfants du fer ». Les miens ont été à l'origine de nombreuses structures et infrastructures bien avant l'avènement du chakra. Extraire le fer et les minerais de nos mains, les façonner et leur insuffler vie, c'est notre compétence première. » Reprit-il, son visage exprimant une fierté teintée de mélancolie.

Plongé dans ses pensées, Katsuo caressa les poils de ses joues avant de reprendre la parole :

« ... Si je devais vous donner un aperçu, sachez que nos ancêtres étaient à l'origine de nombreuses inventions à leur époque. Aux côtés d'autres artisans et prisonniers, nous avons contribué à la construction des grandes cités du pays et à certaines de ses fortifications. On nous avait promis une importante récompense, comprenant richesse et une place importante dans la société et l'armée. Cependant, d’après les miens, il s'est avéré que nous avons été trompés, manipulés, et évincés de la société pour des raisons politiques. Depuis lors, nos Banshō refusent de reconnaître les autorités du pays, malgré les efforts de certains Fujiwara qui ont tenté de nous intégrer dans l'armée. Aujourd’hui, il existe une sorte d’accord tacite pour éviter qu’on se livre des guerres intestines. » Raconta -t-il, avec une certaine mélancolie.

Il secoua brusquement la tête pour ne pas se laisser submerger par l'émotion. Et, en dépit de son apparence dégingandée, il courut tant bien que mal dans la neige pour arriver au sommet de la colline. Il vous présenta brièvement les différentes options, écoutant vos suggestions, tout en s'étirant et en reniflant pour se débarrasser de cette morve qui refusait de le laisser en paix.

« T'es vraiment un Tetsujin alors ! » Glissa-t-il finalement, en assénant une petite tape à Yoichi. « Je préfère encore mourir dans les lacs gelés que de m'aventurer dans les montagnes. Avec mon physique et mon endurance, je ne serai rien de plus que de la chair fraîche pour les yokai. Et je ne parle même pas des tribus indigènes qui décocheront leurs flèches sans sommation. » Ajouta-t-il, en partageant son point de vue.

Il laissa échapper un petit rire à l'issue de l'intervention d'Izanami.

« C'est vraiment très gentil de votre part de vouloir m'aider, mais en réalité, je ne sais pas du tout où ils sont partis ni qui ils peuvent bien être. Le mieux serait peut-être d'éviter les montagnes et les lacs. On peut dormir à l'entrée de la forêt et reprendre notre voyage à l'aube, si vous le souhaitez. Est-ce que vous avez tout ce qu'il faut pour tenir plus ou moins 5 jours ? » Demanda-t-il, en attendant vos avis avant d'amorcer la descente de la colline, toujours avec une démarche déconcertante.

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Tâchant de retirer son épaule à chaque reprise que le grassouillet tentait d’entrer en contact avec lui, la vue des coulées visqueuses cascadant des cavités nasales de leur compagnon de voyage malembouché et bedonnant, Yoichi commençait à comprendre pourquoi celui-ci s’était fait exiler aussi prestement de sa propre communauté. A moins que ceux-ci aient adopté la coutume de partager leurs mucosités comme signe de politesse avec le premier arrivé, il n’y avait pas à douter que cette tendance turpide et incivilisée trahissait une propension à générer logiquement de la distance à son égard, voire du mépris. Mais rien ne disait encore s’il s’était ostracisé lui-même du fait de sa mauvaise hygiène du corps, ou en raison d’un manque d’athlétisme, ou pour toutes ces raisons qui discriminaient les faibles par rapport aux plus forts, une loi primitive certes mais qui dictait aussi les sociétés à élire les guerriers chargés de protéger la cité. La miséricorde du salvateur avait ses limites, et il considérait pendant quelques instants l’idée de suivre le chemin du lac gelé ou d’emmener leur ami dans les montagnes afin de le remettre entre les mains expertes des tribus indigènes afin de résoudre le problème de famine qui sévissait dans la région comme dans le reste de Tetsu. Après mûre réflexion, il chassa la tentation malsaine de son esprit pour se ranger vers la proposition d’Izanami de passer par la forêt. Avec un peu de chance, il y avait des yôkai affamés là-bas aussi.

— Tribu de Kôkan, vous dites? Cela me revient, c’est vrai que l’histoire n’a pas été clémente envers vous. J’espère avoir la chance un jour d’examiner de plus près votre savoir-faire. Êtes-vous aussi à l’origine de la création du Château inconnu? La fameuse forteresse qui fut le lieu de combats lors de la guerre sanglante, puis d’un massacre inexpliqué. Le genre d’histoire qu’on racontait aux enfants pour les effrayer. C’est sur le chemin de la forêt justement, peut-être serons-nous amené à faire un détour là-bas. Il tourna son regard vers Izanami, comme pour chercher son approbation. J’ai toujours voulu en apprendre plus sur cet endroit, mais je n’ai jamais osé y mettre les pieds car il est clair qu’un danger surnaturel le hante. On raconte qu’en un seul jour, tous les habitants de la forteresse ont été retrouvés morts, et il paraît même que leurs corps n’ont jamais quitté les lieux. Un vrai cimetière…

Et l’opportunité parfaite pour graver leur nom dans la légende, ou bien sur une épitaphe.

— Nous n’avions pas prévu d’avoir un troisième compagnon de voyage, mais soit. En rationnant suffisamment, je pense qu’on peut tenir jusqu’à arriver à destination. Et encore, c’était sans compter la probabilité que Katsuo dévore toutes leurs provisions en un soir, mais il garda cette remarque pour lui-même.

Les heures défilèrent, pendant ce laps de temps Yoichi s’assurait de garder une distance de sécurité vis-à-vis de Morvax, le groupe se dirigea lentement mais sûrement vers le chemin des arbres, jusqu’à ce qu’ils localisent un lieu où camper pour la nuit. Le vent glacial avait de quoi faire trembler le corps tout entier de Yoichi, dont la composition délicate l’empêcher d’endurer les températures négatives aussi bien qu’il aurait voulu. En dépit de ses origines locales, il avait consacré une grande partie de ses journées à rester à l’intérieur, développant son goût pour les arts et notamment, la dramaturgie et la musique. Pourtant, comme le fit remarquer Izanami qui avait déjà installé sa tente personnelle dont la qualité exceptionnelle témoignait de l’ouvrage du clan Fujiwara, il leur manquait du feu. Chaque chose en son temps. Heureusement, le vagabond avait profité de son détour par Homura pour se procurer une de ces tentes haut de gamme comme on ne les faisait nulle part dans le Yuusei. D’un simple clic, la tente se dépliait et s’installait en un éclair, juste assez d’espace pour une personne. Vint alors la question fatidique: qui allait partager sa tente avec Grotadmorv? Quand Yoichi réalisa qu’il n’avait pas tellement le choix, distingué qu’il était, il demandait d'un air implorant à la guerrière:

— Je suppose que tu n’as pas de deuxième tente pour notre ami?

La nuit risquait d'être longue. Très longue. Et la question du feu se posa aussi, il aurait été malencontreux de mourir bêtement dans le froid, au milieu de nulle part. Ce n’était pas une façon très héroïque de périr pour un shinobi, et a fortiori pour des aventuriers en quête d’exploits.

— C’est l’heure de te rendre utile, Katsuo, tu n’aurais pas une technique pour faire du feu qu’on t’apprend dans ta tribu?

Les mains sur les hanches, dans l’attente de la réponse, il regardait le soleil décliner derrière les montagnes. Ils allaient bientôt être plongés dans l’obscurité, à l'ombre d'un bois qui devait probablement grouiller d'animaux dangereux.

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan
« Oh, je vois. C'est vraiment difficile d'accès, mais j'espère qu'on te laissera l'approcher. » Rétorqua Katsuo à l'égard d'Izanami.

Il s’esclaffa lorsqu'elle l'interrogea sur leur mode de vie en lui partageant son impression.

« Si tu voyais nos habitations, tu serais étonnée, crois-moi. Nous sommes beaucoup plus civilisés que ce que tu as l'air d'imaginer. Nos ancêtres ont construit des fortifications très élaborées au sein même des montagnes enneigées. J'espère qu'un jour, lorsque mon peuple fera la paix avec les autorités en place, vous aurez l'occasion de visiter nos sanctuaires. » Répondit-il, d’un sourire nostalgique.

Son sourire s'accentua davantage lorsque Yoichi se mit à l'interroger. Laissant le marionnettiste aller au bout de son monologue, il en profita pour se curer le nez avant de ressortir son doigt rempli de mucus. Il tira une grimace puis tenta de s'en débarrasser d'un revers de main. Son regard revint ensuite sur Yoichi comme si de rien n'était, la bouche en cœur.

« Certains des miens prétendent que nos ancêtres ont participé à la construction du Château inconnu, mais honnêtement je ne saurais te dire. » Fit-il dans un premier temps. « En tout cas, une chose est sûre, je vous déconseille vivement de vous y aventurer. Ce n'est pas qu'un cimetière, c'est véritablement l'enfer... » Finit-il sur une note plus alarmiste.

Il opina de la tête pour rassurer Izanami sur l'endroit où vous alliez établir votre campement. Puis, il rit à gorge déployée lorsque Yoichi s'inquiétait pour vos rations de vivres.

« Oh, ne t'en fais pas, je suis un vrai débrouillard quand il s'agit de trouver à manger, même si j'ai un peu honte de la façon dont j'ai perdu mes stocks... Quand on aura tout fini, je vous montrerai comment s'y prendre pour ne jamais mourir de faim à Tetsu. » Rétorqua-t-il sur un ton sarcastique, la main sur son embonpoint, criant soudainement famine.

Il ria de nouveau.
Vous remarquerez certainement à quel point la personnalité de Katsuo se dévoilait à mesure qu'il échangeait avec vous. N'était-ce pas le signe qu'il était suffisamment à l'aise en votre compagnie et qu'il vous faisait pleinement confiance ?

[...]
Quoi qu'il en fût, un peu plus tard, vous atteignîtes l'entrée de la forêt au contrebas de la colline, et vous entreprîtes les préparatifs nécessaires pour passer votre nuit ici sans mourir de froid. Votre guide était étonné par les tentes que vous avez déployées aussi facilement, loin des yourtes de l'armée qui nécessitaient en général que plusieurs personnes s'y attellent pour les monter. Katsuo vous regarda faire avec beaucoup d'étonnement et arbora encore cet air ahuri lorsque vos habitations étaient fin prêtes à vous accueillir.

Enfin, lorsque le marionnettiste s'adressa à Izanami concernant la tente pour le guide, ce dernier réalisa qu'il allait devoir s'insérer dans l'une des deux abris. À choisir, il prendrait naturellement Izanami et son corps de déesse, mais ses katanas lui faisaient trop peur. En l'occurrence, il s'approcha un peu plus de son sauveur, et se frottait les mains en tirant une tronche qui ne laissait aucun doute sur sa pensée.

« … Je t'assure que je ne bouge pas trop la nuit. Je dormirai sur un côté et j'essaierai de ne pas trop t'importuner, mon ami. » Dit-il en effectuant un salut militaire.

Arriva le moment où il devait se rendre utile...
Il se sentit soudainement petit, si petit que son visage se mit à rougir de honte. Le regard fuyant, il jouait avec ses doigts et tournait la pointe de son pied dans la neige.

« C'est que... Le feu attire les Yokaï... On doit absolument éviter, c'est la seule façon de garantir notre sécurité. Il existe une technique au sein de mon clan pour ne pas mourir de froid : on se plie en boule et on respire doucement jusqu'à ce qu'on se retrouve dans les bras de Morphée. D'autres s'adonnent à des techniques plus sophistiquées... ils dorment nu, en se prenant dans les bras, ce qui permet de partager la chaleur corporelle et d'éviter de mourir d'hypothermie.... »

Il réalisait que vous ne le croyez pas une seconde. Ou du moins que vous doutiez de lui. C'était malaisant...
Il courut dans la neige, faisant rebondir sa graisse à chaque mouvement, et s'enfonça dans la forêt. Pendant que vous vous interrogiez, il revint tout joyeux, deux pierres et des plantes entre les mains. Il frotta les pierres l'une contre l'autre, et répéta l'action une cinquantaine de fois. Il savait que cela ne menait à rien. Qu'il se ridiculisait. Et vous, vous réalisiez qu'il n'avait fait que vous faire perdre votre temps.
Puis, curieusement, au moment où vous alliez sans doute l'arrêter dans son élan, des étincelles jaillirent des pierres. Il était le premier étonné, arborant une grimace des plus comiques, accentuant ainsi les rondeurs de son visage dodu. Il s'avérait qu'il était parvenu à suffisamment déshumidifier les pierres pour les embraser. Vous n'aviez plus qu'à trouver du combustible sec pour profiter du feu...

Un peu plus tard, quelques flocons de neige continuaient de descendre lentement, suffisamment lentement pour que votre feu résiste pour au moins une partie de la nuit. Katsuo vous concoctait alors une pâte spéciale, faite à base de plantes, pour agrémenter vos plats. Il avait pris le soin de bien laver ses mains, et une bonne partie de la préparation s'était faite avec des ustensiles improvisés à partir de pierre et de bois.

« Non seulement cette pâte permet d'agrémenter les plats, mais elle permet de faire le plein d'énergie et de résister plus facilement au froid. » Vous confia -t-il.

Vous passâtes alors à table. Peu importait ce que vous dégustiez, vous saviez qu'il fallait bien en profiter, car une très longue journée vous attendait demain, et il était possible qu'elle ne fût pas aussi calme que le moment que vous passiez actuellement.

Arriva alors le moment de vous coucher, vos corps pressés de retrouver le confort de vos tentes.

« Allez-y, je vais monter la garde pour le moment. On se relaiera à tour de rôle. Je ne veux pas que des Yokaï nous surprennent à cause du feu... » Glissa Katsuo, en vous gratifiant d'un mince sourire.

Spoiler:

Quelque chose avait interpellé Yoichi sur l’attitude joviale et bon vivant du sauvage des neiges, révélant avec son air candide et con comme un balai tout ce qu’il savait de sa propre tribu. Il en fallait peu pour qu’il leur fasse déjà confiance, alors qu’ils n’étaient finalement guère pour lui que deux étrangers qui l’avaient sorti de son sarcophage glacé. L’avaient-ils fait par intérêt utilitariste, ou par simple bienveillance à l’égard d’une âme esseulée, la conscience de Yoichi ne pouvait considérer l’un sans l’autre, aussi comprit-il aux dires de l’interlocuteur qu’il était particulièrement informé des cultures locales et des techniques de survie en milieu hostile. En y réfléchissant, Boule de suif n’avait pas gardé sa corpulence sans apprendre à se nourrir en pleine nature, à moins qu’il se fût habitué à recevoir les victuailles jusqu’à lui tel un pacha de Kaze. Sauf qu’il n’avait pas l’air d’avoir un statut aussi privilégié au sein de sa société, peut-être un soldat tout au plus qui n’avait pas été à la hauteur des critères imposés par le puritanisme militaire. Il n’était pas taillé pour le moule du guerrier de manière générale, mais au vu de ses compétences, sûrement aurait-il trouvé une vocation dans les métiers de bouche. Tout dépendait de la manière dont sa tribu envisageait les guerriers, les artisans et les paysans. L’ordre des choses voulait que chaque classe ait sa place dans le bien-être commun, or, rien n'exclut qu’une cité aussi primitive que celle dont il était issue place le guerrier comme le modèle vers lequel chaque individu doit s’élever, au détriment des autres aspirations et des marginaux de la société. Difficile ainsi pour quelqu’un qui avait toujours vécu au sein d’un environnement civilisé et selon un paradigme tetsu-centriste, dans un village régi par la féodalité et la primauté des seigneurs et guerriers sur les paysans et artisans, de porter des jugements de valeur sur une société dont il ne connaissait rien.

— Tu n’es peut-être pas un guerrier accompli, mais tu as l’air de te débrouiller avec les techniques de survie. Tout le monde sait le faire dans ta tribu? Son talent était d’autant plus précieux dans la mesure où ils étaient situés dans un pays souffrant de la famine et de très pauvres ressources. Ce qui lui faisait penser qu’il n’était pas aussi incompétent qu’il ne le laissait croire. Certes, son hygiène laissait à désirer et il ne confierait jamais son dîner à quelqu’un qui se cure le nez à tout bout de champ, mais au moins ils étaient sûrs de ne pas mourir de faim. Être aussi gras que lui à Tetsu était un luxe que très peu pouvaient s’octroyer, et sa figure malingre en était l’exemple le plus courant. Ils ne t’ont même pas gardé comme cuisinier ou chasseur dans ta tribu? Je suis sûr qu’ils auraient pu te trouver une utilité plus en phase avec ce que tu sais faire, à défaut d’être un bâtisseur ou un soldat. D'une certaine manière, il pouvait compatir du fait qu'il n'avait guère la carrure d'un ninja et qu'il avait choisi la voie de l'artiste ambulant, apportant à sa manière sa pierre à l'édifice social.

Il haussa les épaules. Même si au fond il comprenait que l’idée de garder un homme aussi mal avisé et négligé demandait de fermer les yeux sur beaucoup de choses et d’accepter un maillon faible dans une société promouvant la loi des plus forts, peut-être cela était d’autant plus exacerbé chez les Kôkan? Yoichi mit seulement en lumière cette éventualité à laquelle la société n’avait pas songé en décidant de proscrire l’arroseur de morve, mais il était difficile d’ignorer le danger sanitaire qu’il représentait pour le reste de la communauté; surtout s’il était question pour lui de manipuler de la nourriture régulièrement. Fixant son regard illuminé sur les pierres se frottant jusqu’à produire une étincelle, un soupir de soulagement s’échappa de ses poumons. C’était comme découvrir le feu pour la première fois. Les flammes dansèrent sur les brindilles servant à attiser le feu, tandis qu’il décidait de ne pas toucher à la pâte spéciale qui lui fut proposée. La viscosité de la matière lui évoquait quelque chose à laquelle il ne préférait pas penser pour le moment. Il refusa donc poliment avant de se diriger vers sa tente, laissant leur guide survivaliste monter le premier tour de garde, non sans avoir aidé au préalable Izanami à placer des fils avec des kunais plantés dans le sol autour du campement pour avertir de la moindre intrusion. A cet effet, il décida aussi de placer un sceau explosif dans le sol, à quelques mètres à l’opposé de la position de Katsuo, afin de couvrir leurs arrières car son champ de vision n’était certainement pas à 360 degrés. Il prit soin aussi d’effectuer une technique de clonage basique, dans le but de faire stationner une réplique parfaite de lui-même non loin du sceau explosif caché dans la neige, il pouvait activer l’explosion au moment d’entendre le piège sonore s’activer et les prévenir de l’intrusion.

—  Fais donc, Katsuo. Mais prends garde à ne pas geler de froid, la température sera encore plus basse le soir. Je posterai un clone de l’autre côté pour surveiller nos arrières, juste histoire de donner l’air que le camp est bien surveillé, pas seulement par une personne. Izanami prendra ta relève puis ce sera mon tour. Si tu vois quelque chose, appelle-nous pour qu’on vienne en renfort.

Sur ces mots, il s'en alla se coucher dans sa tente, tâchant de trouver le sommeil même s'il avait peu d'espoir que la nuit soit reposante au vu du froid et des problèmes qui pouvaient survenir.

Spoiler:

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan

« Des yokai, il y en a vraiment de toutes sortes. Je ne suis pas originaire de cette région, mais en général, on peut tomber sur des Bakuhotaru dans la forêt : ce sont des lucioles d'une lueur éblouissante, avec des ailes aux motifs complexes qui semblent constellées d'étoiles. Ces créatures fascinent souvent les étrangers, et dès qu'ils baissent leur garde, elles les encerclent et explosent. Certains disent que leur explosion est inoffensive et cause simplement quelques étourdissements, d'autres pensent qu'elles désintègrent complètement leur victime. » Rétorqua Katsuo dans un premier temps.

Il porta sa main à sa barbe, la caressant délicatement, puis reprit :

« Il y a aussi le Tetsuoni, le forgeron de fer, qui rôderait parfois dans la forêt. Il s'agit d'une créature massive avec une enclume sur le dos et des bras forgés en métal. D'après les rumeurs, son corps serait constamment enveloppé de vapeurs de métal en fusion. Il peut modeler le fer à volonté, créant des armes redoutables. C'est le cauchemar des guerriers à Tetsu car il en après tout homme portant une arme en main. Les raisons m'échappent, mais si jamais vous le croisez un jour, jetez vos armes et couchez-vous au sol en mettant vos mains bien en évidence. C'est la seule façon de vous en sortir vivant. » Ajouta-t-il.

Par la suite, l'interrogation de Yoichi fit sourire le guide qui porta sa main derrière son crâne, ayant visiblement du mal à cacher sa joie. Il était rare pour lui de recevoir des compliments, peu importe qu’ils soient sincères ou non. Il avait toujours été vu comme un moins que rien, une erreur de la nature. Pourtant, en dépit de son bannissement et à priori du manque de techniques de combat, il avait toujours survécu. Ce ne fut pas toujours simple pour lui, et parfois il avait dû faire des choses que vous n'imaginez même pas...

« ... Moi, j'ai appris sur le tas. Je m'adapte toujours, avec cette immense chance qui m'accompagne partout où j'y vais... Parfois, j'y laisse quelques plumes, mais en fin de compte, ce qui importe, c'est de survivre, non ? » Aouta-t-il, avec un brin de fierté. « Pour ma tribu, c'est autre chose. Ils l'ont dans le sang. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont choisi de s'installer dans une zone infestée de yokai. Ils ont les techniques pour y survivre tout en sachant que si un jour les autorités veulent leur peau, ils devraient d'abord se débarrasser de ces êtres surnaturels. Astucieux n’est-ce pas ? » Dit-il, avec un grand sourire.

Il haussa les épaules à la seconde question de Yoichi, visiblement peu enclin à donner tous les détails des raisons de son bannissement.

Approuvant l'idée des pièges d'Izanami, il se leva également pour y participer. Si vous sembliez avoir fait un bon travail, mais on ne pouvait pas en dire autant de Katsuo. Un travail bâclé, mais il vous rassurait avec des gestes de la main et des pouces en l'air. Toujours ce sourire ahuri qui arborait son visage. Il semblait dégager une telle confiance lors des poses des pièges que vous ne sembliez pas avoir de raison de douter de lui. Après tout, c'était un survivant...

Préparant sa pâte à base de plantes qu'on retrouvait sous certains arbres à l'intérieur de la forêt, il laissa Izanami voir la recette de A à Z. Peut-être qu'un jour cela lui servira. Puis, lorsque le moment était venu de passer à table, Katsuo parut un peu anxieux, mais il gardait le sourire et s'efforçait de paraître confiant.

Ainsi, vous agrémentez vos plats, et Izanami eut l'honneur de goûter à cette fameuse pâte. Le goût ne semblait pas si mauvais. Au contraire, elle dégageait même un parfum loin d'être désagréable. Yoichi, lui, décida de se passer de ce remède, rendant le guide plus anxieux.

Lorsqu'arriva finalement le moment de retrouver vos couches, Katsuo vous salua et opina de la tête aux paroles de Yoichi. Puis, quelques temps plus tard, l'ex-Kokan commença à faire les cent pas, donnant l’impression de loin qu’il effectuait des rondes. Alors qu’en réalité, il réfléchissait... visiblement beaucoup trop, accroissant davantage son inconfort.
Alors que pendant ce temps, Izanami avait la sensation que le froid n'existait plus. Son corps et sa tente semblaient même plus chauds que ce qu'elle avait connu à Homura. Pire, elle semblait entourée par une étrange vapeur, lui conférant un confort qu'elle n'avait peut-être jamais ressenti. Sans même s'en rendre compte, ses yeux se fermaient lentement, gagnant ainsi définitivement les bras de Morphée.

Katsuo, désormais décidé, pris un petit fragment du combustible qui alimentait le feu et le balança sur le clone de Yoichi. La vitesse et la discrétion du projectile ne laissèrent aucune chance au clone, dont l'original ne pouvait se douter de la disparition.

Éteignant le feu en toute discrétion, le guide s’approcha silencieusement de l’abri d’Izanami. Il glissa doucement sa tête, puis ses deux mains massives. Ses yeux observaient attentivement la silhouette de la samouraï, qui avait vraisemblablement baissé sa garde dans un pays où les gens étaient prêts à tout pour ne pas mourir de faim.

« ... Je suis vraiment désolé, Izanami-chan. Dans une autre vie, on aurait pu être les meilleurs amis. » Murmura-t-il, des larmes se formant dans ses yeux.

Il attira doucement les deux sabres vers lui, puis jeta un coup d'œil pour voir s'il y avait tout autre chose qu’il pouvait emporter. Il prenait n’importe quoi, même un clou. Enfin, il glissa sa main sur son corps, ses vêtements, cherchant à mettre la main sur tout objet qu'elle porterait sur elle : kunai, shuriken, parchemin, vraiment tout...

Il glissa tout ce qu'il put dans ses poches, entre ses vêtements, et prit les deux armes dans ses mains.

« … Vu comment les Fujiwara raffolent de ces armes, je devrais pouvoir en tirer de quoi tenir jusqu'à l'hiver... » Murmura-t-il, contournant les pièges et tentant de s'échapper du campement.

Izanami ne se réveillerait probablement pas avant l'aube...
Yoichi devait sûrement être en train de roupiller pour récupérer un maximum d'énergie. Autrement, il n'était pas encore trop tard pour rattraper Katsuo, dont les pas s'enfonçaient désormais dans la forêt.

Spoiler:

Certes, le petit joufflu avait cette fâcheuse manie d’aller chercher on ne sait quels trésors dans ses narines pour ensuite poser sa grosse patte encrassée de son mucus nasal sur l’épaule de ses interlocuteurs, il n’était pas non plus gâté par la nature au vu de son physique peu adapté à la survie et aussi inoffensif qu’un cancrelat, il n’était pourtant pas un homme mauvais, c’était certainement la seule qualité que l’on pouvait trouver à un individu qui en était visiblement complètement dépourvu. La nature ne nous avait pas tous fait faux, mais elle aurait pu au moins se montrer plus clémente à l’égard de Katsuo. Plus il en apprenait sur lui, et plus Yoichi se disait que ce dernier avait le potentiel de devenir quelqu’un d’utile en employant ses talents à faire le bien, à défaut d’avoir l’étoffe d’un guerrier. Il pouvait faire les choses à sa manière, plutôt que de se restreindre à la vision que la société souhaitait lui imposer. Mais combattre un système n’était pas aussi simple, quand on y avait vécu toute sa vie, jusqu’à assimiler tous ses principes, un seul homme n’était pas une voix suffisante pour rallier toute une communauté à sa cause. L’exil était l’issue déterminée par le destin qui l’avait placé dans ce berceau, et il était sorti malgré lui des limites du conventionnel, de la même manière que sa graisse abdominale débordait de son futal, il n’entrait pas dans les normes, et on l’avait banni pour quelque chose sur lequel il n’avait pas vraiment de pouvoir. Peut-être que Katsu n’était pas un cas désespéré, et qu’il allait se révéler plus utile qu’il ne le pensait pour la suite de leur traversée, pour peu qu’il ne les détourne pas trop de leur chemin initial. Si Yoichi était méfiant au prime abord, il était désormais certain que leur nouveau compagnon avait plus de chances de se mutiler lui-même par accident que de commettre une vilenie à leur égard. Une pensée qu’il regrettera plus tard…

Les bras croisés, le dos appuyé contre son oreiller, les paupières à moitié fermées, il naviguait entre deux états de conscience, luttant pour trouver le sommeil. La technique de se mettre en boule n’était pas si mauvaise, mais il ne la maîtrisait pas suffisamment pour être parfaitement à l’aise. Après avoir vainement tenté de s’abandonner à une nuit réparatrice, le froid gagnant son corps et le fait qu’il dormait pour la première fois dans cette tente toute neuve empruntée aux Fujiwara, il décida de sortir un bref moment afin d’aller tenir compagnie à la troisième roue, afin de s’assurer que celui-ci ne s’était pas endormi au milieu de son tour de garde, non pas qu’il ne lui faisait pas confiance, c’était plutôt qu’il ne s’attendait pas à ce qu’un gros lourdaud maladroit comme lui reste concentré sur sa tâche et sans faire de maladresse. Légèrement ramolli par le froid et la fatigue, il se frottait les yeux et lâcha un grand bâillement. Au moment de s’étirer, ses yeux s’arrêtèrent sur des empreintes de pas qu’il n’avait pas vu au moment d’entrer dans sa tente, celles-ci avaient été faites très récemment. En suivant les traces dans la neige, il se rendit compte que celles-ci reliaient la tente d’Izanami à la position où Katsuo était censé assurer la vigie. Il y avait plusieurs hypothèses qui traversèrent l’esprit de Yoichi à ce moment-là, et il connaissait un peu Izanami pour savoir que celle-ci n’était pas du genre à laisser un homme entrer dans sa tente. A moins que la technique de l’homme nu ait réussi à la séduire? Tous les goûts étaient dans la nature après tout… L’errant fit volte-face avec un petit ricanement, en félicitant mentalement Katsuo d’avoir réussi à subjuguer la Fujiwara par son sex-appeal insoupçonné. Entre hommes, il fallait rester solidaire et accepter quand l’autre avait marqué son territoire. Il avait maintenant tout son respect.

Soudain, il se mit une grosse claque au visage, laissant une trace rouge sur la joue. Non, il avait quand même trop de respect pour la samouraï pour croire que celle-ci pouvait avoir du béguin pour Katsuo. Non pas que cela le rendait jaloux…Dans tous les cas, il était prêt à braver le malaise de les retrouver au milieu de l’acte charnel, afin de réprimander le batifoleur sur le fait qu’il avait quitté son poste sans prévenir. Cela lui faisait au moins une bonne excuse pour faire intrusion dans ses quartiers. D’un pas décidé, il s’approcha de la tente de la Fujiwara et en écartant les rideaux, il se rendit compte que celle-ci était toute seule et que ses affaires avaient complètement disparu, comme si elle venait de se faire détrousser. Surpris par la découverte, Yoichi s’approcha pour prendre le pouls, il en fallut peu pour comprendre ce qui s’était passé. Son premier réflexe fut de secouer la samouraï une fois, puis deux, jusqu’à réaliser qu’elle ne se réveillait pas facilement, son sommeil était très profond, bien trop pour qu’il ne fut pas causé par une source externe. La pâte de mucus! Cela expliquait pourquoi il ne s’était pas endormi comme elle. Et celui qui avait concocté cette pâte n’était autre que Katsuo, et celui-ci avait disparu du campement.

Contenant sa fureur, l’artiste se mit à imaginer des insultes et des tortures pires que la mort qu’il allait pouvoir faire subir à celui qui avait abusé de leur gentillesse. Yoichi se demanda comment la réveiller d’un tel état de somnolence, bien sûr il songea à l’histoire de la belle au bois dormant qu’il avait lu quelque part, mais il préférait ne pas tenter de peur de trouver lui-même le repos éternel. Il pensa aussi à lui verser de l’eau froide ou lui planter un kunaï pour provoquer une stimulation assez forte. Puis lui vint enfin une idée. Sortant un rouleau de sa ceinture, il fit apparaître son oiseau mécanique qui rapprocha son bec de l’oreille de la princesse, le pantin poussa un cri suffisamment strident pour réveiller les morts, alors il n’y avait pas de doute qu’Izanami allait être tirée de sa torpeur… Intérieurement, Yoichi se sentait responsable, car il était censé connaître le pays mieux que sa camarade et elle comptait sur lui.

— Izanami, si tu m’entends (malgré les décibels que tu as perdu), je suis désolé, on dirait que Katsu s’est tiré avec tes affaires. Il sortit de la tente afin de faire l’état des lieux, cherchant des indices qui pourraient amener à retrouver la trace du malandrin. A en juger par les empreintes et les pièges qui n’avaient pas été mal placés, il était possible de déduire approximativement dans quelle direction il était parti. Il enfourcha l’oiseau en tendant la main vers sa camarade pour qu’elle monte avec lui, pour suivre les traces de pas laissés par Katsuo, probablement dirigés vers la forêt. On va le poursuivre depuis les airs, il ne s’échappera pas avec tes katanas, tu as ma parole.

La chasse était ouverte.

Spoiler:

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan
Katsuo avait discrètement pris la fuite au milieu de la nuit, emportant avec lui tous les biens d'Izanami. Les effets personnels, les armes, tout avait disparu. Votre guide vous avait joué un mauvais tour, et ce en dépit de toute la confiance que vous lui aviez accordée.

Lorsque Yoichi sortit de sa tente pour s'assurer que tout se déroulait bien, il fut hélas déjà trop tard. Katsuo avait laissé derrière lui un silence lourd de trahison. Vous étiez tout à fait en droit de le haïr, de lui souhaiter la mort, mais quelque part, vous étiez responsables de ce qui vous arrivait. Vous aviez baissé votre garde face à sa personnalité pour le moins... attachante ?

Quoi qu'il en fût, Yoichi, tu trouvas Izanami dans sa tente, plongée dans un sommeil profond qui ne ressemblait guère à la samouraï. Le cri poussé par ta marionnette frappa tout son être, forçant sa conscience à émerger lentement. Ainsi, Izanami, tu pus ouvrir lentement les yeux, encore engourdie par le sommeil et dans un état de semi-conscience. Tu revenais petit à petit à toi, mais tu ne semblais pas encore avoir la force de te redresser ni de t'agiter comme le ferait une personne normale en apprenant qu'elle fût d'une trahison.

Que faire dans ce genre de situation ?
Tenter de rattraper le voleur en sachant qu'il connaissait cette forêt mieux que vous ou s'assurer de l'état d'Izanami et attendre qu'elle fût sur pied pour entreprendre votre traque ?

Yoichi, tu optas pour la première option en sortant de la tente et en invoquant ta monture dans l'espoir de rattraper le voleur. Cependant, tu réalisais rapidement qu'Izanami n'était pas en état de suivre le mouvement ; elle était encore à peine consciente, l'effet de la drogue était encore présent dans son organisme.

En outre, compte tenu de l'obscurité, vos chances de le trouver semblaient minces, à moins d'être pourvu de dons sensoriels. Il semblait raisonnable d'attendre au moins les premières lueurs de l'aube, d'autant plus que votre cible ne semblait pas être capable de se déplacer rapidement. Certes, les traces de ses pas risqueraient de disparaître, mais au moins vous auriez l'avantage de voir plus clair dans la forêt et probablement de trouver d'autres indices qui vous mettraient sur son chemin.

La décision finale vous appartenait...

Spoiler:

Malgré ses efforts pour la tirer de ses songes, les effets de la drogue subsistèrent et empêchèrent la guerrière de se remettre complètement de son état d’engourdissement. Ils convinrent alors de prendre du repos jusqu’au lever du soleil, attendant patiemment la journée pour se lancer à la poursuite de leur proie qui ne devait pas être allée bien loin au vu de son athlétisme incertain, à moins que depuis le début il ait caché son jeu? Il avait bien réussi à les duper en leur faisant croire qu’il était de leur côté, alors qu’il n’était rien d’autre qu’un bandit de grand chemin ou un homme bien plus désespéré et stupide qu’ils ne le pensaient, d’oser s’en prendre à deux étrangers qui lui avaient accordé leur aide alors qu’il auraient pu simplement rebrousser chemin. Pour ajouter l’insulte à l’injure, le voleur s’était emparé des épées de la Fujiwara, ce qui était l’équivalent de la dépouiller de son bien le plus cher, comme s’il venait de s’attaquer à un proche à elle, il n’était pas difficile d’imaginer ce qui devait se passer en ce moment dans la tête de la bretteuse, de se voir ainsi déposséder de son arme fétiche. Yoichi quant à lui se serait senti désorienté de se faire voler ses pantins, en particulier celui qu’il devait à sa mère et qu’il gardait précieusement contre lui.

Il tapotait le rouleau à sa ceinture, celui qui était désormais vide puisqu’il servait à contenir le volatile mécanique qui était actuellement dans l’attente de ses prochaines instructions, les ailes repliées et regardant de ses yeux en forme d’hublot son maître sortir de sa tente pour rejoindre sa partenaire au centre du campement. Il acquiesça aux propos de la samouraï, exprimant ses intentions malveillantes à l’égard du roublard qui s’était enfui avec ses effets personnels. Quelque chose avait changé dans le regard émeraude de coutume si serein chez l’argentée, elle était troublée et courroucée par l’absence de ses lames, le sentiment de trahison était probablement la pire chose qui fût derrière la perte d’un être cher. Silencieux, Yoichi récupéra ses affaires en proposant de partager ses rations ainsi que ses armes ninja avec elle.

— Dans ce cas, empruntons la voie des airs, nous pourrons réduire la distance avec lui de cette manière. Il ne nous échappera pas.

Sur ces mots, il enfourcha sa monture volante et proposa à sa partenaire de l’accompagner dans cette balade dans les airs. Ainsi ils avaient une vue stratégique sur l’horizon tout en s’offrant un moyen de locomotion de choix, les dispensant de marcher au ralenti dans la neige, contrairement à leur cible qu’ils allaient chasser jusqu’aux quatre coins du Yuusei s’il le fallait.

Spoiler:

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Nezumi Katsuo
Ex-membre de la tribu Kōkan
Izanami étant incapable de voyager, Yoichi, tu dus prendre ton mal en patience et attendre jusqu’à ce qu’elle recouvrât ses esprits.

Ce ne fut que lorsque l’aube se leva dans un ciel toujours gris que les effets de la drogue dont la samouraï fut victime semblaient se dissiper. Elle retrouvait son aplomb d’antan, quoiqu’un peu voilé par une fureur presque palpable. Une rage qui semblait presque résonner à travers la jungle jusqu’à l’endroit où le fugitif se dissimulait.

Le ciel gris et la neige qui ne cessait de tomber n'étaient point à votre avantage, mais cela ne semblait pas vous dissuader. Ainsi, vous sautâtes au-dessus de votre monture mécanique qui se voulait suffisamment résistant pour vous supporter tous les deux à son dos.

Vous ne saviez pas par où entamer vos recherches et même si la forêt n’était pas aussi vaste que celle du pays du feu, il allait sans dire que vous ne pourriez vous hasarder longtemps à chercher sans stratégie. La hauteur était certes un avantage, mais il semblait difficile d’en tirer quelque chose, puisque tous les pas de votre cible eussent déjà été recouverts par la neige, qui semblait curieusement beaucoup abondante qu'à l'extérieur.

Ainsi, vous entreprîtes de monter et descendre, en ciblant des petites zones, vous vous arrêtant parfois au milieu des petites clairières pour pousser vos investigations et tirer vos conclusions. Cependant, après presque deux heures à ratisser ces arbres, en vous efforçant de réfléchir comme votre cible pour imaginer où est-ce qu’il pourrait se terrer, vous commenciez à avoir le sentiment de chercher une aiguille dans une botte de foin. Sans posséder des sens aiguisés, la mission semblait compliquée pour ne pas dire impossible. Une frustration semblait naître en vous, ce qui ne devait en rien arranger la fureur que vous éprouviez pour Katsuo.

Alors que vous réfléchissiez à quoi faire, l’abandon vous paraissant impensable, l’un de vous finit par remarquer quelque chose de curieux. Deux arbres sauvagement brisés venaient en effet rompre l’harmonie de la forêt. Sur la neige, aux pieds de ces arbres déchus et derrière d'autres encore dissimulés à votre vue, d'énormes empreintes de pas marquaient le sol. C'était suffisamment grand et profond que les traces disparaissent rapidement. Ainsi, vous teniez enfin votre première piste.

Lorsque vous vous rapprochâtes pour investiguer davantage, vous vous interrogiez sur la source de ces empreintes de pas. Bien qu’épousant la forme humaine, la taille vous faisait douter… à moins bien sûr que ce ne fût pas la première fois que vous aviez à faire à ce phénomène...

Quoi qu’il en fût, vous teniez votre première piste tangible, dans cette zone située à environ deux heures de l’entrée de la jungle, là où vous aviez établi votre campement la nuit dernière. En creusant davantage, vous remarquâtes des traces de luttes, comme si une bête féroce avait tenté de s’en prendre à des créatures plus petites dont les traces de pas s’évaporèrent dans la neige. En poursuivant vos investigations, vous réalisâtes d’autres phénomènes intéressants : des traces de brûlures légères sur certains arbres et des coupures nettes, comme si une lame tranchante avait été utilisée.

Au fur et à mesure de votre exploration, les indices se réduisaient en nombre, ne laissant derrière elles qu’une large empreinte dans la neige qui s’étendait le long des arbres en direction du nord. C’était comme si quelque chose, une créature ou une force inconnue, eût été abattu et traîné à travers la neige sur une longue distance.

Vous ne sauriez dire si depuis le début vous suiviez une fausse piste ou si vous étiez réellement aux trousses de votre cher ami. D’accord, vous étiez en droit de remettre cette amitié en question, mais sachez que vous serez toujours dans son cœur, il ne fait pas l’ombre d’un doute…

Plus sérieusement, vous prîtes le temps de souffler pour réfléchir et décider de quoi faire. Et si finalement vous ne saviez pas quoi faire, les tambours qui résonnaient soudainement à travers les arbres venaient vous tirer de vos réflexions et s’imposer à vous comme un appel impérieux à suivre.

Et si par chance vous vous teniez encore sur votre monture, vous pourriez percevoir une épaisse fumée grise s’élever au loin. Que vous le vouliez où non, cela semblait la seule piste qui s’offrait à vous pour l’heure, d’autant plus que les traces dans la neige menaient également dans cette direction...

Spoiler:

Le fuyard avait pris de l’avance, et le temps leur était compté. A peine plièrent-ils bagage, qu’un blizzard descendait du ciel, gelant leurs efforts pour localiser une piste tangible, et retrouver la trace du mécréant qui avait dépouillé la bretteuse de ses épées. L’amertume rongeant son cœur, il puisait son énergie dans sa frustration, bien qu’il n’en laissait quasiment rien paraître, son visage fixé vers la ligne d’horizon alors qu’il chevauchait sa monture ailée. Silencieux, observant le paysage pour y déceler les bribes d’un passage éphémère, il réalisait qu’il y avait à courir après un homme, un seul, au milieu d’une nature sauvage et altérée par des conditions instables. Les circonstances n’étaient guère favorables à une course-poursuite à l’extérieur, quelles que fussent leurs qualités athlétiques, celles-ci furent largement compensées par l’absence d’information et la situation climatique, jusqu’à atteindre une phase où ils se mirent à se demander s’il était encore raisonnable de poursuivre la vendetta, ce fut à ce moment précis que la fortune leur accorda une découverte significative. Ils atterrirent au sol pour procéder à l’inspection de la scène. Des traces ayant tout l’air d’empreintes humaines, mais en même temps contredites par une taille disproportionnée, laissant croire à une sorte d’humanoïde géant.

Les indices se cumulant, ils finirent par progresser dans leur investigation, découvrant des troncs d’arbre découpés avec des traces de coupe particulièrement suspectes puisqu’elles n’étaient pas faites de n’importe quelle manière. La coupe était trop nette pour avoir été faite par autre chose qu’une lame, ainsi que des traces de brûlure sur l’écorce. Comme si cela ne suffisait pas, ils aperçurent une traînée au sol, un corps, quelque chose avait été entraînée loin d’ici, vers le nord de leur position. Les bruits de tambour, la fumée dans le ciel, tout pointait visiblement dans une seule et même direction. Il restait alors à se mettre en mouvement. Pour autant, si tout cela semblait appeler à une réponse sans équivoque, tel un boulevard qui s’ouvrait grand à eux et qui ne demandait qu’à être emprunté, Yoichi ne se précipita pas tout de suite et préféra discuter de l’objet de leurs découvertes avec Izanami.

— Cela ne nous apprend rien de bien nouveau, on se doutait déjà qu’on allait avoir affaire à des forces hostiles. Dans tous les cas, il y aura de la résistance, et on risque d’être mêlé à un affrontement entre plusieurs forces en présence. Il détacha la sacoche de sa ceinture pour la donner à sa coéquipière. N’hésite pas à utiliser mes armes pour te défendre. Tu en auras davantage besoin que moi. Je peux déjà compter sur les munitions de mes pantins.

Il repensait au duel qu’il avait livré contre elle, comment il avait été témoin de ses prouesses martiales et de son athlétisme guerrier. Il n’avait aucun doute que même sans ses lames elle saurait se rendre utile en combat.

— Il sera difficile pour nous de voir à travers le feuillage si on tente une approche par le ciel, je propose qu’on avance à pied, prudemment mais sûrement, et je continuerai de guider mon pantin dans les airs comme un cerf-volant, afin de servir de leurre tandis qu’on attaquera depuis le sol. Je vais aussi créer un clone pour prévenir toute tentative d’embuscade. Qu’en dis-tu?

Ils reprirent la marche après avoir longuement discuté. Yoichi fit apparaître un clone intangible qui faisait office d’éclaireur et qu’il envoya à plusieurs mètres de distance à partir de l’orée de la forêt, de manière à intercepter la moindre menace sur le chemin, au risque de se faire plus facilement repérer.

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