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Eté 83, Oto no Kuni.
Acte I : Immersion dans le son.
Acte II : Les dissidents du son.

Entre la confusion qui régnait dans son esprit et le silence a priori volontaire d'Ajiru, Kamui sentait la frustration grandir en lui sans pouvoir la contenir. Il l'avait pourtant connu bien plus loquace, alors il se demandait ce qui pouvait bien justifier ce mutisme, tandis qu'il dévisageait son vis-à-vis de son regard de braise. Il était rare de le voir aussi proie au doute et à la confusion, et encore moins de l'exprimer ouvertement. Le zen ne lui était d'aucune utilité dans ce contexte, seul le temps ou de véritables réponses pouvaient lui faire retrouver sa sérénité habituelle.

« Oy, Attends, Ajiru ! » Fit-il lorsqu'il vit la créature se fondre dans les flammes pour disparaître.

Il ne pouvait pas partir ainsi. Il lui devait des explications, se disait-il, jusqu'à ce que finalement Ajiru ne soit plus dans son champ de vision. Il n'avait ni la force ni l'énergie de le poursuivre, ce qui était d'autant plus frustrant.
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Se retrouvant avec un genou à terre, il s'appuyait sur son Ketsui pour ne pas s'effondrer totalement. C'était à ce moment que Karasuma se manifesta et vint se poser sur ses épaules.

« Vous n'avez pas été des mains mortes, hein. » Fit-il dans un premier temps, sur un ton sarcastique.

Penchant légèrement la tête, il observa attentivement son invocateur pendant quelques instants.

« ... Je sais ce que tu traverses... Cependant, tu dois apprendre à contrôler davantage tes émotions. Elles ne doivent pas interférer dans ton objectif.
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Des réponses, tu en auras le moment venu. Pour le moment, n'oublie pas que tu as franchi que la première étape. Masuyo, Dotomo, le prince Nosuri, la Reine Ahoudori II et tous les autres attendent tous de toi que tu ailles au bout de ta promesse. » Déclara le messager sur un ton calme et on ne peut plus sérieux.

Kamui releva la tête, conscient que son compagnon disait vrai. Plus important encore, il prenait également conscience que ses compagnons avaient été attaqués par l'Homme-Yokaï et qu'il ne savait pas encore ce qu'il était advenu d'eux. Ainsi, c'était avec le cœur lourd d'inquiétude qu'il se releva et rangea son Ketsui dans son fourreau.

« Quant à la mission que tu m'as confiée... Sache que la plupart des locaux ont péri, mais quelques survivants ont quand même réussi à s'échapper. Tu ne pouvais pas tous les sauver, et si cela peut te permettre de mieux le digérer, sache qu'ils étaient tous affiliés au Daimyo. Mais en ayant vaincu cet individu, ce sont sûrement des centaines de vies de nos alliés que tu as réussi à sauver. » Ajouta Karasuma.

Étonné mais quelque peu soulagé par les propos de son compagnon, Kamui opina de la tête alors qu'il percevait la silhouette d'Aomori arriver à vive allure vers eux. Croisant les bras au milieu des flammes qui continuaient de sévir, il craignait particulièrement les nouvelles de la sentinelle de l'aube.
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« Kamui-sama ! » Commença Aomori, en freinant sa course devant son invocateur.

Il battait des ailes pour maintenir sa position.

« Je suis navré, mais vous devez absolument vous rendre sur place. » Finit-il par ajouter, d'un air grave.

Alors qu'il s'efforçait de garder un air neutre, le samouraï entendait son cœur battre rapidement dans sa poitrine, comme si ce qu'il craignait s'était déjà produit. Les deux corbeaux, de par leurs sens aiguisés, arrivaient à percevoir tout ce qu'il cherchait à contenir.

Opinant finalement de la tête, Kamui s'avança pour récupérer l'enveloppe éphémère de l'homme-yokaï et son cadavre, puis les chargea sur le dos d'Aomori. Karasuma toujours perché sur son épaule, il se hissa à son tour sur le dos de sa monture. Aomori décolla sans plus tarder, filant vers le lieu où l'escouade s'était fait attaquer...

Spoiler:

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Eté 83, Oto no Kuni.
Acte I : Immersion dans le son.
Acte II : Les dissidents du son.

[...]

« … Je suis navré, Kamui-sama… » fit Aomori alors qu’il se posait lentement sur le champ de glace.

Le visage sombre, le cœur du samouraï se serra douloureusement en contemplant le massacre perpétré par leur ennemi. Tout cela avec un seul coup. Une unique attaque. Les corps gelés des combattants jonchaient le sol comme des marionnettes abandonnées après un sinistre spectacle. Une vague de chagrin et de désespoir envahit Kamui alors qu'il réalisait l'étendue de la tragédie qui s'était abattue sur tous ses compagnons.

Il s'approcha lentement des dépouilles gelées, chaque pas pesant comme un fardeau sur ses épaules. Son esprit était assailli par un tourbillon d'émotions : la colère envers l'Homme-Yokai qui avait réduit les siens en glace sans sommation, la douleur de la perte de ses camarades, et la crainte de se voir privé de celle qui avait su enflammer son cœur dans tous les sens du terme…

Alors qu’il avançait parmi les corps inertes, les visages de ses compagnons défunts lui revenaient en mémoire, leurs sourires, leurs rires, leurs histoires partagées autour du feu de camp. Il se rappelait leurs noms, leurs visages, leurs aspirations et leurs espoirs…

[...]

FLASH-BACK

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Shika Ex-Tailleur de pierre

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Masuyo Ex-Esclave de l'armée

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Dotomo Ex-Soldat

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Isaku Ex-Mercenaire

Au cœur du campement, dominé par les imposantes yourtes dressées en cercle, les membres de l'unité étaient rassemblés autour d'un grand feu de camp. Des éclats de rire contagieux et des murmures joyeux emplissaient l'atmosphère, témoignant de l'esprit de camaraderie qui animait le groupe.

Kamui était assis au centre du cercle, entouré de ses compagnons d'armes qui étaient devenus sa famille au fil des batailles et des épreuves. Parmi eux, il y avait des anciens bandits repentis, des civils qui avaient rejoint les rangs de la horde pour protéger leur patrie, et des guerriers aguerris qui avaient combattu à ses côtés depuis le début de son périple.

Alors que le temps s’écoulait, les conversations se faisaient plus intimes et sincères. Certains se confiaient sur leurs rêves et leurs espoirs pour l'avenir, partageant leurs aspirations les plus profondes autour du feu de camp.

« … Vous savez, je n'ai pas toujours été du bon côté de la loi… » Avoua Isaku, un ancien mercenaire, en se grattant légèrement l’arrière du crâne. « Mais depuis que je suis avec vous tous, j'ai trouvé une raison de vivre. Je veux me racheter, protéger ceux qui sont dans le besoin. C'est mon but désormais. » Ajouta -t-il, l’air sincère et souriant à pleines dents.

Ce fut autour de Shika, anciennement tailleur de pierre, de prendre la parole.

« Je n'aurais jamais cru me retrouver ici, sur le champ de bataille. Mais quand j'ai entendu l’histoire de Kamui-sama, un étranger qui vient défier les hommes du daimyo pour nous sauver… J'ai su que je devais agir. Je veux protéger ma famille, mes amis, mon pays. C'est ce qui me motive chaque jour. » Admit-il, en serrant les poings.

L’assemblée hocha la tête et lui adressa un sourire confiant et plein d’espoir.  Puis, ce fut au tour de Dotomo, un vétéran qui a connu nombreuses batailles de se manifester, les épaules visiblement lourdes du poids de ses souvenirs.

« … J'ai vu trop de camarades tombés au combat, trop de vies sacrifiées pour une cause que je croyais juste. Mais je refuse de laisser leur sacrifice être vain. Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour assurer un avenir meilleur pour ceux qui restent. » Fit-il, l’air déterminé.

L’assemblée opina de la tête, chacun se reconnaissant visiblement dans ses propos, partageant la même détermination pour en venir à bout de leur ennemi final, à savoir le Daimyo.

Ensuite, c'est Masuyo qui émergea de l'ombre de Kamui pour bien se faire voir des autres. Elle se laissa un instant de réflexion, ses yeux perdus dans les flammes qui crépitaient devant elle.

« … Pour ma part, avant l’arrivée de la horde du prince Nosuri et ma rencontre avec Kamui, j’avais simplement renoncé à la vie… » Commença -t-elle, en s’efforçant de trouver le courage pour aller au bout de son histoire.

Le samouraï l’observait attentivement, conscient qu’il n’était pas simple pour sa bien-aimée de partager les horreurs que les hommes du Daimyo lui avaient infligés.

« ... Depuis trop longtemps, nos dirigeants nous méprisent. Ils nous exploitent, nous tourmentent et nous affament selon leur bon vouloir. Je suis prête à sacrifier ma vie pour vous, mes camarades, pour nos familles, afin que nos enfants ne subissent jamais les horreurs que nous avons endurées dans cet enfer. » Déclara-t-elle d'une voix ferme, le poing serré. « … C'est pourquoi je vous propose, chers amis, de lever nos verres à la défaite du Daimyo et à la libération de notre pays. »

Tous les membres de l'assemblée acquiescèrent, levant ainsi leurs verres en un geste solennel, témoignant de leur engagement indéfectible pour la cause qui les liait….

[…]

Et maintenant, ils gisaient là, froids et immobiles, emportés par le souffle de glace de l'Homme-Yokaï. Ils n’avaient même pas encore atteint le véritable champ-de-bataille…

Marchant à travers les décombres et les cadavres, Kamui demeuraient particulièrement silencieux. Soudain, contre toute attente, l’appel à l’aide d’une voix familière resonna et l’extirpa de ses sombres pensées.
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« Masuyo-chan ! » S’écria -t-il, cherchant désespérément là où provenait la voix.

Il se mit à fouiller frénétiquement parmi les corps gelés, cherchant désespérément le moindre signe de vie, le moindre indice de la présence de sa bien-aimée. Karasuma s’envola immédiatement pour le guider et se poser sur le lieu qui devait être inspecter.

Le Samouraï à la crinière de lion se précipita naturellement et s’empressa d’écarter délicatement les corps qui étouffaient la voix de sa bien-aimée. Il la trouva finalement sous la pile de cadavres, sa silhouette frêle et vulnérable. Son cœur se serra à la vue de son état, ignorant si elle allait pouvoir survivre à ses blessures ou non.

« Masuyo ! Masuyo, reste avec moi ! » Murmura-t-il, sa voix tremblante d'émotion alors qu'il prenait son visage entre ses mains.

Impuissants, les deux corbeaux observaient silencieusement la scène…

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Eté 83, Oto no Kuni.
Acte I : Immersion dans le son.
Acte II : Les dissidents du son.

[...]
En dépit des cadavres de ses camarades qui l’entouraient, le samouraï ressentit un brin de soulagement lorsque sa bien-aimée l’interpella. Elle était là, fragile et frigorifiée, mais bien vivante.

Alors qu’il la tenait fermement dans ses bras, la serrant contre lui pour la réchauffer, il roulait doucement des yeux pour observer tous ceux qui s’étaient dressés et avaient donné leur vie pour la protéger.

Imaginant la scène et se remémorant tous les moments de joies et de peines avec ses compagnons, Kamui éprouvait une vive douleur à la poitrine. Elle était insoutenable, semblable sinon supérieure au moment où on lui annonça la mort de sa génitrice. C’était d’ailleurs depuis ce jour-là, où il avait décidé de sortir définitivement de l’ombre, que le destin avait choisi de l’éprouver et de joncher des cadavres dans son sillage…

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« Économise tes forces, Masuyo-chan… » Glissa-t-il avant de l'embrasser sur le front.

Il était stupéfait de la voir en vie, surtout après les ravages causés par la technique de l’homme yokaï. Cependant, il peinait à comprendre pourquoi toute l’escouade s'était dressée pour la protéger, alors qu'ils aspiraient tous à combattre pour libérer leur pays.

Submergé par un tourbillon d’émotions contradictoires, le Fujiwara tentait de les mettre de côté en resserrant son étreinte autour de sa bien-aimée. Il lui caressait tendrement les cheveux, cherchant à lui apporter un peu de réconfort après l'horreur qu'elle avait endurée.

Encore une fois, elle devrait trouver la force de continuer, et il se jura de l'aider et de la protéger, de mener à bien leur combat contre le Daimyo afin que les sacrifices de leurs compagnons ne soient pas vains.

« Nous allons nous en sortir, Masuyo-chan. » Déclara-t-il d'une voix pleine d’assurance. « Nous vaincrons le Daimyo, libérerons ton pays, et toi et ton peuple pourrez enfin vivre sans crainte ni oppression. » Ajouta-t-il avec détermination.

Il scella sa promesse d'un nouveau baiser sur son front, lui exprimant ainsi tout son amour et son engagement.

[…]

Quelques heures plus tard...

Après avoir pris le soin d'enterrer dignement tous les martyrs, les deux corbeaux, Masuyo et Kamui avaient fui les terres gelées pour trouver refuge dans l'ombre des flammes qui s'élevaient à la suite du duel entre l’homme yokaï et le samouraï. Assis près du feu, le Genin tenait sa bien-aimée lovée contre lui, lui offrant autant de chaleur que possible, l’air songeur.

« … Masuyo-chan... Je sais que tu veux continuer à te battre à mes côtés, mais je ne peux pas risquer que tu subisses le même sort que nos camarades... Tu as déjà été blessée, et je ne veux pas te perdre toi aussi.. » Glissa finalement Kamui, l’air résolu.

L’ancienne esclave le regarda, craignant visiblement déjà sa décision. Elle voulait protester, exprimer son désir de rester auprès de lui, mais les mots semblaient se perdre dans sa gorge serrée par l'émotion.

Kamui prit alors une profonde inspiration, ses réflexions ne faisant que renforcer sa résolution.

« Aomori. » Finit-il par l’interpeller d’une voix ferme.

Le corbeau géant bondit et vint se poser à leurs côtés, prêt à lui obéir.

« Prends Masuyo et emmène-la en lieu sûr, dans ton royaume avec le reste de ce que je t’ai confié. Apporte-lui les soins dont elle a besoin et veille sur elle. » Ordonna -t-il, sa voix laissant transparaître à la fois son autorité mais aussi sa préoccupation pour sa bien-aimée.

Masuyo ouvrit la bouche pour protester, mais aucun son ne sortit. Elle se contenta de serrer un peu plus fort la main du samouraï, exprimant ainsi son désaccord tout en comprenant la nécessité de son départ.

« Tu dois vivre, sinon leur mort n’aura servi à rien, Masuyo-chan. Je te retrouverai bientôt, d’une manière ou d’une autre… » Conclut-il, en la prenant dans ses bras avant de bondir sur le dos du corbeau.

Bien que n’approuvant pas cette décision en son for intérieur, Masuyo finit par hocher faiblement de la tête. Alors qu’elle mobilisait toutes ses forces pour essayer de s’exprimer une dernière fois, rien ne sortait. Kamui finit par opiner de la tête, lui signifiant qu’il ressentait ce qu’elle essayait de partager. Après quoi, il bondit du dos de la monture, lui ordonnant de s’en aller.

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« Allez, part, Aomori ! » Conclut-il, en lui tournant le dos.

Battant des ailes, la sentinelle de l’aube finit par décoller et fondre vers le mystérieux royaume des corbeaux.

Alors qu’il retournait se reposer aux pieds des flammes, Karasuma décolla et vint se poser sur l’épaule du samouraï.

« Tu as pris la bonne décision, Kamui. » Déclara le messager. « Masuyo est en sécurité maintenant, et tu peux te concentrer sur la tâche qui t'attend. » Ajouta-t-il, toujours là pour lui rappeler ses objectifs.

[…]

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