Un frisson glacé parcourut la colonne de la jeune femme alors qu’elle poussait les portes du Dojo des sabreurs pour ce qui lui semblait être la dernière fois. Était-ce réellement Sagiri qui lui parlait ainsi depuis son affrontement contre l’Originel ? Elle ne pouvait s’empêcher d’être sceptique car peut importe combien elle avait fouillé les archives, jamais elle n’avait vu la moindre mention d’un sabreur capable de communiquer avec sa lame. Malgré tout, elle allait l’écouter et partir explorer les confins de l’archipel de la Lune à la recherche d’un nouveau savoir qui, elle l’espérait, l’aiderait à résoudre ce mystère et, peut-être, trouver un indice sur ses pertes de mémoires récentes.

Un nuage s’échappait de sa bouche à chacune de ses respirations en cette froide matinée alors qu’elle approchait du port de la brume, un paquetage sur l’épaule et sa fidèle lame balançant à ses hanches. Elle ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller face au travers de maître qu’avait accompli Asami pour la remettre sur pied alors qu’elle fixait ses jambes qui, quelques temps seulement auparavant, ressemblait plus à des lambeaux de chairs qu’à des membres fonctionnels.

Son regard se posa ensuite sur sa destination, un navire ne payant pas vraiment de mines, mais qui avait tout d’un bon navire et, surtout, qui était piloter par un capitaine possédant un attachement profond à l’argent et n’ayant absolument aucun intérêt à connaître les raisons derrière les demandes de ses clients ce qui convenait parfaitement à la sabreuse qui ne désirait pas voir son initiative arrêter dans l’œuf par son comparse maître du temps ou une quelconque autorité de la brume.

La maître de la brume s’avança lentement sur le pont du vaisseau et déposa une bourse bien sonnante dans la main tendu de l’homme qui allait l’emmener jusqu’aux confins de l’archipel de la Lune. Puis, ses yeux dérivèrent vers une silhouette avançant sur les vieilles planches du port et un sourire étira ses lèvres lorsque celle-ci releva la tête.

L’interaction entre Asami et Bankichi fit remonter un léger sourire sur les lèvres de la sabreuse. Elle n’avait effectivement pas remarqué l’arrivé du Kaguya au premier abord et c’était donc bel et bien à l’Eisei-nin qu’elle c’était initialement adressé et pourtant, elle ne daigna aucunement corriger l’un ou l’autre, les laissant monter à bord du navire tandis que le capitaine empochait une bourse bien sonnante en lançant un regard inquiet en direction des deux nouveaux venus.

La genin se tourna vers le cinquantenaire qui ne quittait pas des yeux les deux nouveaux venus tandis que la dame écarlate appliquait un sceau contre la peau de la sabreuse.

Comme frappé par un soudain regain d’énergie, l’homme se contenta de secouer la tête avant de se retourner vers ses comparses marins, beuglant une série d’ordre qui, en moins de quelques minutes, lancèrent le petit vaisseau maritime à l’assaut de la grande mer.

La jeune femme reprit rapidement son souffle tout en balayant du regard les alentours, s’assurant qu’aucune oreille indiscrète n’épiait leur discussion. Puis, son souffle récupéré, elle reprit ses explications.

Un frisson parcouru l’échine de la jeune femme alors que les souvenirs de cette mission ratée qui avait réduit à néant la fascination qu’elle éprouvait à l’endroit du manieur de Sokojikan dont elle ignorait encore l’étendue des pouvoirs…

Son exposé enfin terminé, la jeune femme s’adossa contre l’une des boîtes de vivres qui jonchait le pont du navire avant de plonger son regard dans celui du Kaguya.

Le trajet en mer avait été bien plus long que ce que la jeune femme s’était attendu et pourtant, elle regretta presque celui-ci lorsque les formes encore fantomatiques de ce qui semblait être les bâtiments d’un village se dessinèrent à l’horizon. Elle ne se sentait pas prête et pourtant, elle était accompagnée de Kaguya Bankichi, un homme aux côtés duquel elle avait luté et vaincu nul autre que l’Originel et le troisième membre du trio était l’Eisei-nin qui s’était chargé de la ramené des portes de la mort, celle sans qui elle ne serait plus, Uzumaki Asami.

C’était pourtant sans la moindre hésitation que le trio s’était mis en route vers le marais, objectif principal de leur mission. La marche se déroula sans événement notable, mais lorsqu’ils arrivèrent enfin à proximité de celui-ci, la sabreuse ne put s’empêcher d’émettre un long sifflement d’admiration.

Alors qu’elle terminait sa phrase, la sabreuse posa sa dextre contre le pommeau du sabre éphémère avant de dénuder de seulement quelques centimètres la lame de ce dernier, dégageant une fine brume qui recouvrit une zone moyenne tout autour de la jeune femme alors qu’elle s’enfonçait dans la brume, lui fournissant une vision de ce qui l’entourait sans qu’elle ne soit obligée de se résoudre à utiliser ses yeux, car pour l’heure, le rôle de ceux-ci était désormais comblé par Sagiri… Pour le meilleur et pour le pire…

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La brume de Sagiri permettait à la sabreuse de s’Avancer sans trop de difficulté parmi l’entité étouffante que représentait la brume, lui procurant un sentiment de contrôle relatif qui l’apaisait. Toutefois, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une étreinte glaciale lui parcoururent l’échine du dos à chaque fois que l’écho d’une voix inhumaine se faisait entendre. Puis, alors que le temps semblait s’écouler à un rythme propre à ce lieu de mystère, les voix firent place à des caresses et, alors que l’une d’elle s’approchait de Sagiri, la jeune femme agit uniquement par réflexe, ordonnant à sa lame de se dissoudre avant de se reformer dans sa main opposée.

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Elle fit ce même manège à chaque fois que l’entité s’approchait un peu trop prêt de Sagiri à son goût tout en maintenant son voile de brume qui faisait office de lanterne dans cet environnement inhospitalier. Puis une autre voix se fit entendre tandis que des bouches se formaient tout autour du groupe, leur barrant le passage comme si la brume venait de prendre un aspect solide.

Cette voix décrivait Sagiri comme étant l’une de ses filles ce qui fit naître un frisson chez la jeune femme qui, par réflexe, resserra sa poigne sur le pommeau de celle-ci. Puis la demande vint, le trio devait se séparer.

La voix intérieure qui l’accompagnait depuis sa victoire contre l’Originel s’était encore prononcée et la jeune femme ne pouvait que ressentir une puissante envie de lui obéir. Elle eut toutefois la bienséance d’en avertir ses deux compagnons.

Propulsant une nouvelle zone de brume au-delà des trois portes, la jeune femme dénota ce que sa brume lui renvoyait comme information à ses compagnons avant de prendre une grande inspiration et de s’infiltrer dans la porte centrale, conservant encore une zone brumeuse de détection autour d’elle-même.

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En pénétrant le portique, son cerveau lui criait de se préparer à affronter le danger imminent, mais son instinct lui criait, encore plus fort, qu’elle n’avait rien à craindre… Pour l’instant… Prenant une grande inspiration, elle effectua un premier pas, puis un second et, comme par magie, elle se retrouva dans une pièce éthérée, assise au sol face à une forme fuyante vaguement humanoïde.

Elle aurait probablement dû avoir une réaction de surprise, mais les derniers mois avaient tellement été remplis d’événement extraordinaire qu’elle ne réussit qu’à esquisser un léger sourire lorsque deux tasses de cafés apparurent sur l’enclume. Agrippant la sienne d’une main tout en retenant la minuscule assiette de l’autre, elle inclina légèrement la tête en direction de son hôte avant d’imiter celui-ci et de prendre une première gorgée du breuvage qui, pour la jeune femme, était à l’image de l’univers étrange qui l’entourait, accueillant.

La genin reprit une petite gorgée du breuvage qui lui était offert tout en écoutant la première question de l’être ancien qui lui faisait face et alors qu’il terminait et qu’un sourire de prédateur se dévoilait à la jeune femme, celle-ci ne put s’empêcher d’esquisser un sourire à son tour. Pourquoi maniait-elle Sagiri ? La question semblait simple, mais pour l’orpheline qui questionnait constamment sa place dans ce monde, elle ne savait pas quoi répondre. C’est donc purement guider par son instinct qu’elle reprit la parole, cherchant à exprimer ce que son cœur ressentait, mais que son esprit n’arrivait pas, consciemment, à transformer en mot.

Portant une nouvelle fois la tasse brulante à ses lèvres, la jeune femme prit une nouvelle gorgée avant de redéposer la tasse sur l’enclume. Sa dextre alla ensuite se déposer sur le pommeau de sa partenaire et un frisson de plaisir lui parcourut le dos, longeant sa colonne jusqu’à la base de son crâne.

La chaleur accueillante s’effritait tranquillement et, rapidement, l’instinct de la sabreuse s’éveilla. La brume était sa maison, mais elle était, d’abord et avant tout, la demeure de son hôte et le ton de cet hôte avait soudainement changé.

Un frisson glaciale parcouru l’échine de la jeune femme qui ne put s’empêcher de baisser légèrement la tête, dégainant légèrement celle qu’elle considérait sa partenaire tout en lui ordonnant de recouvrir la zone les entourant d’une fine brume.

La brume de Sagiri continuait de se propager tandis que la genin prenait une grande inspiration, incapable de repousser la sensation qu’elle marchait désormais sur une fine couche de glace au-dessus d’un immense lac gelé.

La tension était palpable et la jeune femme percevait la fébrilité de sa partenaire à agir, prête à transpercer son paternel à la moindre impulsion de sa partenaire qui fixait la silhouette immatérielle qui lui faisait face.

La tension monta encore d’un cran alors que le chakra de l’être qui lui faisait face s’activait, créant des frissons sur l’ensemble du corps de la jeune femme tandis que ses yeux fixaient la main griffue qui pointait son visage, vérifiant son lien avec la brume qu’elle avait dispersée un peu plus tôt, prête à réagir advenant une attaque de son interlocuteur, mais ce qui sortie de sa bouche la laissa bouche-bée.

Sa main se porta instantanément vers sa nuque, dénuda le sceau qui s’y trouvait à la vision de l’être éthéré qui, d’un simple mouvement des bras, écarta la brume derrière lui, révélant une multitude de lame que l’œil expert de la sabreuse ne put que reconnaître comme étant les grandes sœurs de sa propre partenaire, toutes uniques dans leur ressemblance. Obnubilée, l’épéiste s’apprêtait à tendre la main pour en saisir une qu’un claquement de doigt sonore ce fit entendre et la centaine de lame redevinrent brume. C’est alors que son hôte se présenta enfin, Minamot Gojuryu-no-Yuusei Tahasei.

La sabreuse regarda la lame légèrement dénudée à sa taille avant de replonger son regard dans celui du monstre qui lui faisait face.

L’instinct de la genin lui criait le danger de ses paroles, mais elle n’avait pas été en mesure de s’empêcher de les prononcer et, après une grande respiration, la jeune femme ramena sa main libre au niveau de sa nuque avant d’écarter ses cheveux pour révéler la marque laissée par Shinchu quelques temps auparavant une nouvelle fois aux yeux de son hôte.