Heizu regardait avec un regard nouveau l’être qui lui faisait face. Ce Yokai appréciait les hommes… Ou plutôt il en appréciait certains, et ce depuis très longtemps si elle en jugeait par ce que lui montrait son hôte, un amas de poussière qui, autrefois, avait été l’un des porteurs de Sagiri. Un porteur bien plus ancien que le premier des sabreurs alors que la jeune femme avait, comme la grande majorité des citoyens de la brume, toujours assumé que les sabres avaient été créés à peu près au même moment…

Avant qu’elle ne puisse réagir, voir même commenter les dires de l’être immatériel, Sagiri lui échappa avant de se mettre à flotter dans l’orbite d’un nouvel objet, un fourreau de cuir sans aucune fioriture, mais qui, étrangement, convenait à la perfection à ce qui définissait la Sabreuse : simple et efficace. Une nouvelle révélation accompagna cette démonstration de force avant que la lame ne glisse dans le nouveau fourreau et, d’un geste rapide, la genin attrapa sa nouvelle lame qu’elle replaça à sa taille.

Le cri avait retenti dans son esprit si fortement que la jeune femme ne put faire autrement que porter sa main à ses oreilles avant d’afficher un air de détermination farouche, elle venait probablement de placer le doigt sur une solution possible à son compagnon qu’elle soupçonnait d’être un résidu de l’Originel…

Un sourire vicieux étira ses lèvres tandis qu’elle révélait de nouveau la marque laissée par Shinchu.

Sa marque se mit à chauffer comme lorsqu’elle venait de lui être imposée par l’Originel, confirmant à la jeune femme qu’elle n’était probablement pas si loin de la vérité.

La jeune femme pencha la tête en signe de respect tandis qu’elle sentait l’être qui l’habitait frissonner. Avait-elle vu juste ?

Avant même d’obtenir la moindre réponse à ses questionnements voir même le moindre indice sur comment se débarrasser de l’entité indésirable qui l’habitait, la jeune femme fut brutalement ramenée à la réalité et, après la surprise initiale, son regard se posa sur le nouveau fourreau qui pendait à sa ceinture avant de remonter lentement vers l’astre solaire qui lui indiqua que plusieurs heures s’étaient écoulées depuis l’entrée du trio à l’intérieur du marais et de la brume du forgeron Yokai.

Comme pour lui confirmer qu’elle n’avait pas imaginée l’être qui lui faisait encore face quelques instants plus tôt, sa voix profonde se fit entendre en écho dans les marais, les enjoignant de quitter ce dernier et de ne plus y revenir sans l’autorisation de son maître. Ainsi avait-il décidé de couper court à leur discussion, sans lui fournir la moindre réponse et, maintenant, il l’enjoignait à quitter les lieux sans lui fournir la moindre parcelle d’informations sur l’indésirable qui l’habitait.

Comme en réponse à ses pensées silencieuses, un ricanement sourd se fit entendre à l’intérieur de son esprit et, à ce moment, une seule chose importait, se débarrasser de cette marque. D’un geste vif et fluide découlant d’année de pratique, la sabreuse dégaina Sagiri.

D’une poussée de sa volonté, Sagiri devint brume avant de recouvrir la surface couverte par la marque de l’Originel puis, après une profonde inspiration, elle donna l’impulsion mentale à sa lame d’agir et la fine lame de brume transperça la peau sur l’ensemble du sceau avant de détacher la peau du corps de la jeune femme dont l’esprit était désormais attaqué non seulement par l’intense douleur qu’elle s’infligeait elle-même, mais aussi par la colère de son hôte indésirable. Un puissant cri de douleur s’échappa de ses lèvres alors que sa vision ne devenait plus qu’un minuscule point de lumière, mais sa volonté semblait ébranlable tandis que sa propre lame trancha sa chair dans une ultime tentative de retirer la part de l’Originel qui l’habitait au risque d’y perdre la vie car, visiblement, elle n’allait pas être en mesure de quitter le marais comme le lui avait ordonné le maître des lieux…

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