Enjeu n°1 :

Sam 15 Juin - 12:00 Expérience : 1294 Messages : 657

▶ Sujet: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

...それは不滅のままです ...IL DEMEURERA ÉTERNEL

PRE-EVENEMENT

KIRIGAKURE

Automne 83, village de Kiri.

Yuki Shun'u, senseur expérimenté

Votre interlocuteur vous observait d'un air exaspéré, ses bras croisés sur son torse, le sourcil arqué.

« Je vous en pose des questions, moi ? Non. Prenez votre ordre de mission et tirez-vous. »

L'intéressé pressa le rouleau sur le torse du sabreur, tandis que l'autre fut lancé à son confrère du clan Yuki, adressant un coup d'œil – sans grand intérêt – vers l'ancien Kaguya qui pouvait au moins se targuer d'être Chûnin, mais dont il se garderait bien de glisser des minauderies. Favoritisme, certains diraient ; et ils auraient tout à fait raison.

« Mamoru, attends. »
Il attendit patiemment – ce fut peu dire – que les autres membres de son escouade se dérobent, n'hésitant pas à les chasser de la main, avant d'ajouter ;

« Fuuha m'a laissé ça pour toi. Ne me demande pas pourquoi. »
Il lui tendit une missive fine, scellée. Sûrement prendrait-elle sens une fois leur ordre découvert ; en ce qui le concernait, son travail était terminé.

***
Port de Minatomachi.

Lorsque vous rejoignirent enfin le port de Minatomachi, au sud du pays, l'effervescence habituelle des journées ponctuées par la pêche vous parut essoufflée, amoindrie. Un groupuscule s'était formé au centre, près des docs. La foule paraissait former un cercle autour d'un homme ficelé par des filets. Son visage essuyait les marques de coups, les cicatrices de batailles. Les cris se succédaient aux murmures impatients, jusqu'à ce qu'une âme hèle votre arrivée. La foule se fendit pour vous laisser vous approcher. En échangeant avec les habitants, vous comprendriez la raison de votre présence : cet homme était celui que la Brume n'avait point puni, et envers qui il vous revenait d'appliquer la sentence.

Le regard de Washirō croisa celui d'un homme, adulte, au sein de leurs éclats de voix. Grand, austère. Pauvre, peut-être, si ses vêtements avaient été déchirés – ils ne l’étaient point. Soignés, sans être trop précieux. Du coton face à la douceur du tissage. Ses cheveux noirs de jais cachaient ici et là des marques de boue au creux de son cou, son air pourtant neutre, inerte – une marque épousait la forme d'un Nabla rougeoyant à la lisière de son front, seul signe distinctif qui pourrait le différencier du plus parfait inconnu.

Son attention glissa sur les bandeaux que chacun d'entre vous portait, gravé du signe de la Brume. Il ne dit rien, toutefois. Ne s'approcha pas, resta silencieux.

Une femme s'adressa à vous, son corps couvert des marques de lutte, la lèvre fendue.

« Êtes-vous venu le juger ? »

Sur le chemin, Mamoru aurait pu lire la lettre que lui avait laissé Fuuha. La Brume semble avoir disparu dans la bourgade d'Azemichi. À l'Est du Pays, aussi. Parle avec Takahide : quelque chose cloche.

港町 minatomachi, ville portuaire

récapitulatif:

Dim 16 Juin - 22:06 Expérience : 772 Messages : 215

▶ Sujet: Re: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

...il demeurera éternel

Feat @Asakura Washirō, @Fuwa Yasahiro et @Takahide

Bien qu'il était réellement plaisant d'avoir affaire à un membre de son clan : le jeune Yuki fut des plus surpris quand ce dernier lui offrit un pli en privé avec une information importante ainsi qu'une mise en garde sur un membre de son escouade du jour ... Un avertissement sur le possible comportement du genin Takahide qu'il avait eu le plaisir de rencontrer il y'a quelque mois de cela. Mais pourquoi donc, se disait le shinobi en rejoignant alors son escouade composé de tête connu et des plus apprécié : il y avait tout d'abord Washiro avait qui il avait eu la chance de partager bon nombre de mission, Yasahiro avec qui il s'entendait bien et surtout le charmant petit sabreur qui avait décidé de construire sa propre voie du sabre sans l'aide de personne; une bonne équipe se disait-il alors qu'ils se dirigeaient tous vers le port de Minatomachi.

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Filant à toute vitesse avec les siens tout en se calant sur l'allure du moins rapide du groupe improvisé du jour de sorte à rester derrière lui, la plus belle fleur du jardin des Yuki relisait l'ordre de mission qu'on leur avait fait part tout en couplant celle-ci avec l'information qu'il avait obtenu un peu plus tôt : le jeune blond arriva avec les siens au port et comme cela était prévu par les autorités compétentes, la premiére équipe avait déjà quitté les lieux; ne laissant que le groupe de quatre shinobi face a une foule entourant une pauvre âme qui attendait un jugement. Le leur ... D'où la présence de Washiro, se disait le chunin du clan des glaces avant de glisser à ses cotés et lui susurrer doucement.

"D’après nos renseignements : cet homme aurait dû être une "victime" de la brûme sanglante mais, à l'instar de la bourgade d'Azemichi ; celle-ci est absente dans ce port ... D'où notre présence, j'en ai peur. "

Soufflât Mamoru alors qu'il se mettait au niveau de Yasahiro et de Takahide afin de les inviter, s'ils le désiraient : a se mettre en retrait comme lui afin de laisser le monsieur de Kiri prendre la parole car c'est à lui que la voix des habitants (et plus précisément une habitante) s'était adressé. Il en profita même pour parler à son tour avec les deux genins en couvrant sa bouche avec son écharpe pour masquer le bas de son visage possiblement tordu d'une grimace à l'idée de ce qu'allait peut être devoir faire son camarade chunin.

"Pardonnez moi pour ne pas avoir pu vous saluer plus tôt, j'ai été retenu par le ninja senseur qui nous a donné cette mission et j'ai prit du temps à comprendre la raison de notre présence ici ... Et j'en profite pour voir si vous avez bien compris le pourquoi nous sommes ici ? Tout en prenant de vos nouvelles, il y'en un ici que je n'ai pas vu depuis longtemps. "

Vint-il finir en baissant légérement son écharpe et réveler son sourire à ses amis tout en gardant un oeil du coté du sabreur non loin.

:copyright: Code Anéa - N-U

Lun 17 Juin - 0:50 Expérience : 642 Messages : 162

▶ Sujet: Re: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

… IL DEMEURERA ÉTERNEL

feat. @Takahide — @Yuki Mamoru — @Fuwa Yasahiro

La Brume est bicéphale. Tantôt elle est omniprésente, aveugle, impitoyable, échappant à toute règle et toute logique. Tantôt elle s'incarne dans chacun de ses Enfants armés pour appliquer ses propriétés dans un semblant de loi. Ces deux faces d'une même pièce constituaient depuis des éons la quintessence de cette doctrine dissuasive longuement mûrie des exilés du Yūsei : celui qui préservait la vie, était celui qui pouvait l'ôter à tout instant. Alors, lorsque l'équilibre de cette dualité s'évanouissait en quelque lieu du territoire, il incombait tout naturellement aux fils de l'Eau de rendre compte des circonstances de cet anomalie.

Comme un symbole, ce furent autant de vaguelettes qui façonnaient l'emblème de leur fief que d'hommes qui furent envoyés vers l'Orient insulaire. Parmi ces quatre ninjas, Washirō, bras armé de la justice du Daimyō par excellence. Taciturne comme à son habitude, le porteur de Misasagi demeura bien silencieux tout au long de la traversée de l'île principale. Mais comme à l'accoutumée, ce silence d'apparence couvait un bourdonnement permanent dans cet esprit de ruche qu'était la coexistence entre le Sabreur et la Légion des Âmes.

Washirō était bien loin de connaître la vérité qui entourait les origines de la Sanglante. A vrai dire, il n'avait jamais eu besoin de manifester un quelconque intérêt pour un tel savoir. Seul importait sa tâche de bourreau, quand bien même elle entrait en compétition avec la Brume Sanglante. Le chien des Asakura avait traversé l'histoire du village caché, ponctuée de massacres, épidémies, purges et autres mises à mort, et son travail s'entrecroisait avec l'hégémonie du brouillard écarlate, sans jamais se confronter. Ce fut donc par son absence que Washirō, pour le bien de sa mission, s'apprêtait à lever des décennies de mystère.

Sur place, le golem de chair inspecta froidement les lieux. Ses yeux scrutaient les membres de la foule, le présumé condamné ligoté, puis finalement ses camarades. Les prisonniers de Misasagi glissèrent à leur maton tout et son contraire quant au sort à réserver à cet homme. Le Chūnin reposa sa main contre le pommeau de son arme, et fixa brièvement l'individu. Sa vie pouvait disparaître en un instant. Tout invitait à le condamner à la sanction suprême. Il suffisait d'un mouvement de son arme, et la foule sera satisfaite, comme en témoignait ces regards comme autant de flèches tirées sur ce prisonnier. Finalement, l'exécuteur libéra son arme de l'emprise de sa dextre. Washirō se refusa à un tel exercice de tribunal populaire ; malgré sa position hiérarchique avantageuse, il n'était que l'instrument de la Justice-même. Autrement dit, il ne décidait pas de qui avait droit de vie ou de mort à la légère.

« Rien ne dit que cet homme est coupable, Mamoru-san. Sinon cette foule agitée. Kiri nous envoie pour enquêter sur la Brume. A nous de clarifier sa disparition, ainsi que le sort de cet homme. »

Du haut de sa stature imposante, le goliath ordonna d'amener le chef du village, ou quiconque disposait de l'autorité la plus forte au sein de Minatomachi pour discuter. Ceci fait, il invita la foule à s'écarter, à l'exception de cet homme à l'étrange tatouage frontal. Peu au fait des cultures et coutumes à mesure qu'elles s'éloignaient de l'influence de Kirigakure, Washirō convoqua les mémoires poussiéreuses de la Légion des Âmes pour lever le voile sur cette figure géométrique qui ornait le front de cet inconnu. Ceci fait, il interrogea le dit porteur de la marque, prenant le soin de s'introduire au moyen de son insigne ninja.

« Nous sommes mandatés par Kirigakure pour enquêter sur la Brume Sanglante. Je suis Asakura Washirō, porteur de Misasagi. Qui êtes-vous, et que pouvez-vous nous dire sur cet homme ? »

Spoiler:

Lun 17 Juin - 20:54 Expérience : 663 Messages : 173

▶ Sujet: Re: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

Yuki Shun'u, avait retenu Mamoru dans son bureau, juste après avoir distribué l’ordre de mission. Des cachoteries étranges qui n'avaient aucune raison d’être, j’étais un chunin, un gradé dont il fallait tenir au courant sans mettre en péril les objectifs visés, mise à part si cela ne concernait que strictement les affaires du clan Yuki.

A l’approche de Minatomachi, je tenais mes sens dans une vigilance acérée. À mes côtés, Asakura Washirō, Yuki Mamoru et Takahide semblaient chacun prêts à agir selon notre mission. La brume protectrice, habituellement inflexible, n’avait pas répondu à l’appel face aux récents crimes. L’absence de la Brume n’était pas anodine. Soit elle avait été contournée, soit elle attendait de voir les ninjas de Kiri agir avec détermination. L’affaire résonnait dangereusement avec celle des trois étoiles montantes. La sensation m’était désagréable, j’avais un mauvais préssentiment, et si celui-ci se confirmait, alors la gravité y était sans appel. Mes mains commençaiennt à s’agiter, manipulant lentement mon chakra pour faire apparaître un petit hibou sur mon épaule.

– Nord-Ouest-Ouest, il y a un port sur les côtes. La Brume y a disparu. Je veux connaître quelle zone cela concerne ainsi que son épicentre. Sois mes yeux.

L’un des miens se fermait, puis d’un hochement de tête du hibou, celui-ci s’envolait, fendant les airs. Finissant par transpercer la brume, le rapace de nuit s’offrait la grande vue d’un ciel dégagé, mais néanmoins cerné et délimité sur terre par un rideau de brume. Les vagues clapotantes du port de Minatomachi chantaient une mélodie morne tandis que nous avançions en silence, les pas calqués sur le rythme du ressac. Nous étions venu pour découvrir par quelle raison la Brume Sanglante, cette force protectrice légendaire, avait abandonné ces terres.

En avançant, nous découvrons une scène où l'homme accusé, ficelé dans les filets de pêche, cherchait de ses yeux un secours qui ne viendrait jamais. La justice devait être appliquée, rapidement et simplement, comme le ferait la Brume Sanglante. Une séquelle en cas de faute simple, la mort en cas de faute grave. La justice devait être rendue, mais il y avait un mystère plus grand à élucider. Lorsque Mamoru mentionna la disparition de la Brume à Azemichi, un frisson me parcourut. Deux endroits distincts, séparés par une distance significative, mais souffrant du même mal étrange. Était-ce le travail d'un saboteur ou une défaillance inexplicable de la Brume Sanglante ?

Je ressentais l'urgence de comprendre, de résoudre cette énigme avant que les risques et les dangers ne s’accumulent. Je pris une profonde inspiration, cherchant à apaiser les battements frénétiques de mon cœur. Nous devons interroger les habitants. Ils ne savaient probablement rien, mais la simple description des faits des dernières heures pouvaient amener à y voir plus clair. D’un geste, j’appelais la jeune femme aux lévres fendues et au maire qui s’en venait de nous rejoindre.

– Je suis Fuwa Yasahiro, chûnin de Kiri, agissant au nom du pays de l’Eau. L’accusé n’est pas en capacité de se soustraire à la sentence qui lui est due, s’il s’en relève coupable. Nous souhaitons prendre acte du motif, preuves et témoignages qui le concerne, bien que son cas ne soit pas prioritaire.

De mon seul œil valide, l’autre occupé par la vision de mon hibou, je toisais Mamoru, répondant indirectement à sa question. Le véritable sujet pouvait à présent être abordé, suscitant l'intérêt de la collaboration des docks.

– L’anomalie de l’absence de la Brume est un paramètre inhabituel des lieux reflétant potentiellement un danger quant à la sécurité de Minatomachi. Pouvez-vous nous fournir vos premières observations quant à ce phénomène, à quand remonte-t-il, avec quoi ou qui coïncide-t-il et si vous avez été témoin d'événements inaccoutumés ces derniers jours et heures ?

L’insécurité me collait à la peau. L’affaire des étoiles montantes et la dissipation de la Brume, probablement seul rempart qui nous avait protégé des attaques sur le continent, assez inquiétantes pour faire trembler Homura considéré comme le plus puissant des villages ninjas, m’apparaissait comme des tests. Le premier pour déjouer l’attention de la brume, le deuxième pour la repousser, une préparation lente qui avait eu le temps de maturer. L’instinct : ce n’était qu’une logique innée basée sur les futurs les plus probables, sans preuve réelle mais dont le moindre indice infinitésimal se révélait devenir les pavés du chemin qui menait à l’avenir. Je lâchais un tintement agacé entre mes dents et ma langue.

Résumé/Technique:

Mer 19 Juin - 8:28 Expérience : 400 Messages : 108

▶ Sujet: Re: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

Le port de Minatomachi était dans un état des plus inhabituel, fascinant profondément Takahide. Accompagné d’un Sabreur qu’il n’avait jamais vu, de son mentor Yuki et de son ami Fuwa, l’épéiste était bien entouré pour laisser libre court à sa curiosité débordante. Gardant profil bas et restant le plus proche de son état naturel, il avait décidé de faire une seule chose pendant ce voyage officiel : comprendre comment la Brume avait pu disparaître… et utiliser cette connaissance dans le plan de Fuuha.

Il espérait simplement que ce désir de connaissance ne le mettrait pas immédiatement en danger. Garder sa langue était donc une excellente idée.

Le Genin s’était donc poliment présenté à Asakura Washiro, un sourire narquois accompagnant la bienséance, ses yeux évaluant les muscles, le sabre ainsi que la prestance de son futur adversaire dans sa quête impossible contre l’établissement même des trois grands clans. Le contact avec un membre éminent du clan Yuki précédemment avait aussi suscité moults réflexion dans la cervelle trop petite du campagnard, ce muscle qui ne cessait de prendre de l'expansion après l’encouragement de sa Sensei. Ce Yuki qui leur avait offert la mission était-il au courant de toutes les retombées de la Brume Sanglante? Était-il inquiet de voir l’hégémonie de la terreur trembler face à l’absence des vapeurs meurtrières de deux villages?

Le symbole sur le front de l’individu qui avait adressé la parole au quatuor de la Brume était étrange, Takahide étant habitué a l’excentricité venant de lui-même et des shinobis, mais ne s’y attendant pas face à un habitant d’un petit village. La campagne frontalière du sud n’avait que des vêtements de tissu et des chapeaux pour faire face au soleil plombant sur les rizières. De se dessiner un symbole de couleur sur le front était aussi simple que de transporter une affiche sur laquelle on avait écrit : Étranger. Plus étrange encore que l’homme qui ne semblait pas à sa place avait été la rapidité avec laquelle les villageois avaient appréhendé le dit criminel. La Brume était telle si imparable ici face aux petits et grands crimes? Qu’avait fait cet individu pour qu’un village entier plonge sur lui si vite?

“Pour la justice de Kiri, nous ne laisserons aucune pierre non fouillée ici. C’est le futur légendaire épéiste Takahide qui vous le garanti, villageois! Mais vous bloqué tous le chemin des opérateurs de la Brume en son absence, donc veuillez foutre le camp ailleurs, s’vous plait! On vons interrogera individuellement!”

Mer 19 Juin - 10:19 Expérience : 1294 Messages : 657

▶ Sujet: Re: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

Dans un battement d’aile, l’âme jumelle du Fuwa s’éleva dans le ciel à sa demande, hissée jusqu’à l’ombre des nuages où ses yeux seraient amenés à devenir les siens. La vue qui se présenta à l’animal était celle d’un hémisphère semblable à tout autre, où la Brume parait chaque flanc du Sud du pays – à l’exception, précise, du port au sein duquel leur groupuscule était amené à se rendre. Elle avait disparu, laissant derrière une cavité qui lovait les flancs de Minatomachi, presque comme si l’on l’avait dessinée à la craie dans l’immensité du brouillard.

Il ne vous fallut pas longtemps pour rejoindre le centre du port où la foule s’était agencée. Lorsque le sabreur haussa la voix pour en faire venir le dirigeant sur les lieux, la forme biscornue d’un homme âgé s’avança parmi les silhouettes qui avaient dissimulé la sienne par leur taille. Son regard ridé s’éleva vers le porteur de Misasagi – ou aurait pris ce chemin, toutefois, si la voix de l’archer ne s’était pas interposée, fronçant les sourcils de l’ancien du joug de l’outrage. Peut-être le cas de cet homme n'était pas une urgence à ces yeux face à la Brume même ; ce n'était certainement pas l'avis du peuple.

« Pas prioritaire ? Pour qui vous prenez vous ?! Nous avons explicitement demandé la présence des forces de Kiri depuis maintenant des jours et vous osez vous pointer la bouche en cœur en déclarant que notre problème n’est pas votre priorité ? », le vieillard pesta, ses mains nouées derrière son dos. « N’apprend-on pas aux jeunes d’aujourd’hui de réfléchir avant d’ouvrir la bouche, ou est-ce quelque chose qui s’est perdu avec la décence ?! »

Le maire sembla maugréer de nombreuses secondes encore, vexé par la rétorque qui le poussait à refuser d’emblée de répondre à davantage des questions de cet individu. La femme à la lèvre fendue pris alors sur elle de l’obliger, quand bien même sa mâchoire paraissait serrée elle aussi.

« Rien n’est sorti de l’ordinaire. Cela fait quelques jours que la Brume a disparu, d’où notre requête aux forces de Kiri. Cet homme a tenté de fuir le pays par le port de Minatomachi – et si nous ne l’avions pas vu tenter d’embarquer sur un navire de marchandise à temps, tard dans la nuit, il y serait certainement parvenu avec l'absence de brouillard. En un sens... c'est un peu ce qui nous a permis de le repérer, mais il l'aurait puni lui-même s'il ne s'était pas évaporé. »

Vous compreniez alors que si la Brume avait quitté le port depuis quelques jours, la présence de l'accusé en ces lieux ne datait que de la nuit-même précédant votre arrivée matinale – un timing qui pouvait vous paraître étrange, étant donné qu'elle s'était dissipée au moment-même où l'homme avait tenté de fuir dans ce port parmi tous les autres longeant la côte sud du pays.
L'échange fut coupé court par la voix de Washirō ordonnant à la foule de s'écarter de l'individu – à l'exception de l'inconnu aux cheveux noirs sur qui son regard s'était porté avant d'invoquer une âme à ses côtés. Les filaments éthérés de Misasagi façonnèrent le spectre sur son flanc, dont l’ombre ne laissait que peu de doute quant à son origine – humaine, en tout point, si ce ne fut pour les deux bougies brûlant dans ses orbites.

Un hurlement fendit la foule, suivi d’un second ; une véritable cacophonie de cris d’épouvante à qui cette apparition avait donné naissance, qui poussa même certains d’entre eux à quitter tout à fait les lieux. Les silhouettes se firent d'un seul coup bien maigres autour de l'inconnu aux cheveux noirs sur qui reposait l'attention du sabreur – et bientôt, celle du macchabé.

L’intéressé demeura muet, toutefois. Le spectre que Washirō avait questionné dans son esprit se tourna vers son maître, une main nouée dans son dos, l’autre soutenue par une canne dont l’embout s’évaporait dans l’air à l’image de ses jambes.

« Une… marque ? Je n’en vois aucune… Laquelle ? Oh… Le soleil. Il brille comme cette année-là. La Brume fut clémente… »

Il fallut quelques instants à l’esprit pour reprendre – de manière très ironique – ses esprits. La lame raviva sa demande, son esclave l'obligea ; et lorsqu'il se tourna face à l'inconnu marqué par la boue, ses orbites s'écarquillèrent comme ses yeux l'auraient fait s'ils habitaient encore ce corps.

« Celle... Celle-là ? Non... Non, je ne peux pas. », l'épée raffermit son emprise une fois encore, le forçant à s'exécuter. « Non ! Je ne peux pas, je n'ai pas le droit, je... »

L'âme semblait se torturer face à l'étranger qui demeurait de marbre, droit. Ce spectacle ne semblait point l'émouvoir – ni de peine ni de joie – quand bien même le fantôme se débattait, ses mains spectrales tentant désespérément de s'accrocher aux vêtements du sabreur qu'il ne pouvait toucher, irréel.

« Je n'ai pas le droit ! Ne m'y obligez pas, s'il vous plaît, je n'ai... je n'ai pas le droit... »

Ses mains squelettiques enfermèrent sa bouche, comme pour en stopper les sons. Misasagi se mit à trembler, ancrant son ordre dans chacun des revers de son fer. Le vieillard voulut se mordre la langue, incapable de le faire – ses doigts voulurent l'arracher, ne passant qu'au travers de ses flancs mystiques. Ses paumes couvrirent ses yeux, tremblant de démence. Là, sur les plis de ses manches, vous pourriez remarquer les symboles illusoires, tressés sur le tissu que les aléas fantomatiques couvraient parfois. Pour qui serait capable de les reconnaître, il serait là témoin du sceau des fidèles d'Izanami, dont la foi était bien plus ancienne que toute forme de chakra.

« Le Baiser d'Izanami... je n'ai pas le droit, je ne dois rien dire – ô dragon divin, pardonne-mo–... »

Les flammèches qui illuminaient autrefois ses yeux s'éteignirent d'un seul coup, vidées de vie. Son corps éthéré s'effondra sur lui-même, retenu par le col de son vêtement comme une marionnette tenue par le fil de son maître – mais il était dépourvu de toute conscience, brisée sous le poids de l'épée qui avait cessé de trembler. L'esprit avait disparu quand bien même il demeurait devant eux, condamné à reposer dans l'étain d'une lame qui ne pourrait plus jamais le convoquer. Washirō finirait par demander à son arme de le rappeler, ne laissant derrière lui qu'un petit monticule de poussière.

L'étranger leva les yeux des cendres, tombées des bougies, pour considérer Washirō. Il demeura silencieux, au premier abord ; puis sa voix s'éleva, sur un ton posé.

« La disparition de la Brume est une chose rare, de ce que j'ai cru comprendre, », déclara-t-il, son regard lové sur les revers rouillés de l'arme à son flanc. « Mais un porteur de Misasagi n'ayant pas sombré dans la folie l'est plus encore. », ses yeux s'ancrèrent dans ceux de son vis-à-vis, sa voix retraçant chaque syllabe de son nom comme pour le retenir. Vous purent voir, à ce moment-là, la clarté frappante de ses iris : d'un bleu presque transparent, épousant les nuances que le chakra déployait dans sa nature la plus brute. « Asakura Washirō. »

Le maire s'avança, ses traits tirés par la colère. « Assez de ces sornettes ! Vous blasphémez nos terres en torturant les morts ! »
La femme à la lèvre fendue se rapprocha de nouveau, un vent de panique cernant ses traits : « Alors, allez-vous le juger ?! Faites-le, je vous en prie : sinon la Brume nous tuera quand elle reviendra ! », sa poigne serra le tissu couvrant sa poitrine, à la place de son cœur, alors que ses yeux s'ancraient sur Takahide suite à ses paroles. « Si elle voit que nous n'avons pas fait notre devoir, nous serons des traitres à ses yeux nous aussi ! Peut-être est-ce pour ça qu'elle a disparu il y a des jours ! Elle veut... Elle veut nous mettre à l'épreuve ! »

Elle pointa l'homme ligoté du doigt.

« Cet homme est un partisan du second Daimyo, il mérite sa peine ! »

Semble-t-il que vous alliez devoir trancher – que ce soit un cou ou le vent de terreur qui filait entre chacune de ces silhouettes.
À l'exception de celle de l'étranger, qui n'avait toujours pas bougé.

récapitulatif:

Dim 23 Juin - 20:45 Expérience : 642 Messages : 162

▶ Sujet: Re: Pré-évènement de Kiri, groupe 2 / ...il demeurera éternel

… IL DEMEURERA ÉTERNEL

feat. @Takahide — @Yuki Mamoru — @Fuwa Yasahiro

En exigeant la venue du bourgmestre, Washirō espérait convoquer une voix apaisée capable de prendre la mesure des évènements pour apposer à ces derniers un récit exempt d'affect. Une figure sage, qui saurait faire le pont entre une foule échaudée en soif de vengeance, et une poignée de soldats venus lever le voile sur ces incidents. L'arrivée du maire ne fit que mettre à l'épreuve l'impassibilité légendaire du pantin des Asakura. Son visage demeura imperturbable lorsque la supplique du vieillard s'abattit sur son camarade Yasahiro, et par ricochet, à son encontre. Sa peau était lisse comme la surface d'un lac paisible. Pourtant, dans les détours de son esprit, l'empyrée se couvrait de nuages gris.

Plutôt que de réagir aux remarques du maire, Washirō se concentra sur le récit décrivant la disparition de la Brume, inquiétante aux yeux des habitants, comme en témoignait cette femme qui suppléait le vieil homme. Le porteur de Misasagi acquiesça sans dire mot, avant de porter son dévolu sur l'invocation d'un des prisonniers de l'épée-mausolée. Intransigeant à l'égard de ce témoin du passé, Washirō était prêt à tirer sur la laisse invisible qui liait le spectre à sa prison si tôt son état dément l'empêchait de mener à bien sa mission. Le Chūnin n'avait aucune pitié à l'égard des spectres qui hantaient son quotidien. Même en cet instant où le discours du fantôme peinait à prendre racine, dans ce moment de flottement, la Légion des Âmes tentait de corrompre encore et toujours la conscience du ninja. Washirō luttait à la fois contre ce mal de crâne incessant et envers la logorrhée décousue du quidam privé de repos éternel. Shinchū n'était jamais très loin en ces occasions : il se faisait l'ombre portée de cette nuée de spectres hurlant désespérément pour leur libération comme pour l'enfermement de leur geôlier. Il était celui qui glissait des promesses mielleuses de paix, et parfois instillait la violence aux côtés des condamnés éternels. Si le bourreau résistait d'ordinaire à cette pression psychique, il arrivait parfois que cet équilibre psychosomatique qu'il entretenait rompe. Ainsi, au détour d'un commentaire désobligeant glissé par un spectre à l'égard du maire, Washirō ne put se retenir de lui adresser un bref regard glacial.

L'explication du spectre passée, le Chūnin laissa les fragments du conteur retourner auprès du cœur de Misasagi. Son attention fut tournée vers ce fidèle d'Izanami, dont la signification de son tatouage avait beaucoup coûté au mental de ce spectre. Malgré cette découverte, l'intérêt de Washirō demeura pleinement tourné vers la raison initiale de sa venue en ces lieux. De marbre face aux remarques du concerné, Washirō ignorait si l'évocation de son nom avait à voir avec sa réputation de Shinigami, ou bien à l'éclat azuré qui scintillait dans le regard de son interlocuteur. Cette interrogation fut vite chassée par une nouvelle réplique du maire. Invoquer un mort, un blasphème ? Le ciel grondait de plus belle dans les méandres du sabreur. Sa poigne se referma à l'excès sur le pommeau de son arme maudite, alors qu'il laissa quelques instants à la femme présente sur les lieux pour poursuivre ses explications, concluant sur le crime qui pesait sur le prisonnier.

Jugement. Jugement. Jugement. Le mot avait un drôle d'écho dans l'esprit du Monsieur de Kiri. Tout un chacun l'appelait à agir promptement au nom d'une vulgaire justice populaire.
Cette fois, c'en était trop.

« SILENCE ! »

Le calme apparent qui précéda cette exclamation ne fit que renforcer l'invective de Washirō. S'il se tournait vers le maire et le toisait de toute sa hauteur, il s'adressait tout autant à cette femme avide de vengeance qu'à cette foule en retrait. La silhouette fuligineuse de la légion des âmes n'était guère loin, lorgnant par-dessus l'épaule du tempétueux Asakura.

« Cessez de parler de jugement à tout va ! En ces terres de Mizu, seule la Justice du Daimyō fait loi. Pas même la Brume, sous toutes ses formes, ne se soustrait à son pouvoir. Cette lame et les spectres qu'elle commande ne font pas exception. Si elle agit en ce jour, c'est uniquement selon la volonté de Hatoshi-sama. Vous, qui avez eu le courage d'arrêter ce partisan du deuxième Daimyō, ignorez-vous donc l'autorité de notre Seigneur en place ? Répudiez-vous donc cette lame au service de Mizu no Kuni et de l'homme qui dirige ce pays ? »

On eut dit que sa voix portait envers tous, y compris envers les siens. Washirō n'était guère expressif d'ordinaire, et entretenait sa neutralité dans le mutisme. Pourtant, son éducation spartiate l'avait poussé en ce jour à rappeler que sa loyauté allait d'abord et avant tout à l'endroit du Palais seigneurial, celui de la Brume venant naturellement en seconde place. Le chien des Asakura cessa d'aboyer en cet instant, son avertissement étant le premier et dernier qu'il formulerait.

« Ce présumé traître sera jugé et châtié ainsi que le voudra Hatoshi-sama. Au vu des accusations graves qui pèsent à son encontre, il appartiendra aux autorités de la Brume de prononcer son châtiment en conséquence. Assurez-vous qu'en ma qualité de Monsieur de Kiri, je ferai le nécessaire pour que sa sentence soit appliquée avec une impartialité à la mesure de la ferveur dont vous avait fait preuve pour appréhender cet homme. Quant à la Brume, nous ferons tout pour la restaurer. »

Washirō se tourna à présent vers le tant convoité détenu. Si l'orage était passé, on eut dit que ses mots emportaient sa lame hors de son fourreau.

« À présent, à ton tour de parler ! Qui es-tu ? Quels sont tes liens avec les Senpatsu ? Et que sais-tu de la disparition de la Brume ? »

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